Algérie

Les murailles antimodernité



Les murailles antimodernité
Les épaisses murailles de la vieille cité éthiopienne d'Harar n'ont pu empêcher le monde moderne de s'y engouffrer, mais les traditions historiques, culturelles et religieuses uniques de ce lieu saint de l'islam y sont toujours bien vivantes.Malgré les enseignes de marques de bières accrochées à des bâtiments délabrés et les néons des magasins d'électronique chinois, des militants et passionnés veillent à préserver les traditions, de la confection à la reliure, en passant par le chant et la danse. «Avec la mondialisation, vous ne pouvez pas empêcher certains changements, mais la culture, la religion survivent» à Harar, explique Abdela Sherif, propriétaire d'un musée abritant la plus importante collection de reliques culturelles du peuple harari. «Nous allons garder notre culture, nos coutumes, notre vieille civilisation, en les régénérant», assure-t-il, devant des pièces de monnaie anciennes, des Corans jaunis, de vieilles robes de soie ou des poignards tachés de rouille.Dans le cadre de cette campagne de préservation, il anime des ateliers de reliure traditionnelle, mais fait aussi des copies numériques de livres et de chants anciens. Fondée au Xe siècle, la cité fortifiée de Harar, à 525 km à l'est d'Addis Abeba, est l'une des plus anciennes villes d'Afrique de l'Est.Trois de ses 82 mosquées remontent à cette époque. Ses murailles, creusées de cinq portes toujours en place, ouvrant sur les cinq axes menant alors à la ville, ont été érigées entre le XIIIe et le XVIe siècles. Inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco, elle compte une centaine de sanctuaires et de nombreuses demeures traditionnelles entre lesquels serpente un labyrinthe de ruelles pavées. Au XVIe siècle, Harar est la capitale d'un royaume et devient un n?ud commercial important et un centre d'études islamiques.Au XVIIe, elle devient un émirat indépendant. L'explorateur britannique Richard Burton fut, en 1854, l'un des premiers Européens à entrer, déguisé, à l'intérieur de la cité, alors interdite aux non-musulmans. Dans les années 1880, le poète français Arthur Rimbaud y effectua plusieurs séjours, gérant un comptoir et effectuant plusieurs expéditions commerciales dans la région. En 1887, avec la conquête de la cité par l'empereur Menelik II et son rattachement à l'Ethiopie, débute une nouvelle ère qui ouvre Harar aux chrétiens éthiopiens de diverses ethnies ou étrangers.Ses longues années d'isolement ont façonné une identité unique caractérisée par la langue harari, préservée, un système commercial moderne, un artisanat réputé, notamment la reliure, le tissage ou la vannerie, une culture poétique et des fêtes religieuses. «La culture des hararis est différente. La façon dont ils mangent, agissent, se comportent», explique l'historien et sociologue éthiopien Abdusemed Idris. «Ils veulent rester eux-mêmes, ne pas imiter les autres», poursuit-il, «à propos de l'influence de l'Occident, ils disent : ??nous prenons certaines choses, mais pas tout (...) nous utilisons les gadgets à notre guise''». Sur les étals du marché voisin, les tapis de prière côtoient les maillots de football et les lunettes de soleil.




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