Il n'y a guère de ville musulmane en Algérie sur laquelle on ail autant écrit que sur Tlemcen. Son histoire, son épigraphie, son archéologie, ont déjà fait l'objet d'assez nombreuses publications. Parmi elles, il faut citer en première ligne les ouvrages de l'abbé Barges. A la suite d'un voyage accompli dans cette ville au lendemain de l'entrée des troupes françaises (septembre-octobre 1846, ce savant s'éprit pour Tlemcen d'un véritable amour. La majeure partie de son œuvre d'arabisant fut dès lors consacrée à l'étude de l'antique capitale Zianide. Ses notes de voyage ont été réunies par lui dans son ouvrage intitulé : Tlemcen, ancienne capitale du royaume de ce nom. Ce livre, malgré de légères erreurs, que la brièveté du séjour fait par l'auteur dans la cité de Yarmoràsen rend fort excusables, est rempli de documents intéressants, de précieuses observations personnelles, il a surtout l'immense avantage de nous retracer de Tlemcen un tableau qui, sur bien des points, hélas n'appartient déjà plus qu'à l'histoire. En 1852, Barges avait publié son Histoire des Beni-Zeiyân ; en 1887, il donna le Complément de l'Histoire des Beni-Zeiyân- ; entre temps il avait consacré deux brochures l'une à l'étude du grand saint tlemcenien, Sidi Bou-Médyene, l'autre à un essai sur le commerce de Tlemcen avec le Soudan au moyen âge. D'une importance presque égale aux travaux de l'abbé Barges sont ceux de Ch. Brosselard, qui habita Tlemcen pendant de longues années (il y fut sous-préfet de 1853 à 1832). Entouré de lettrés musulmans, dans la société desquels il se plaisait fort, ce bon arabisant débrouilla, avec une rare sagacité, l'épigraphie Tlemcenienne. Les inscriptions de Tlemcen, publiées par lui avec d'abondants commentaires offrent des documents de premier ordre à quiconque veut étudier l'archéologie et l'histoire de celle ville. L'intérêt architectural des monuments tlemceniens n'échappa pas à Duthoit, qui fut inspecteur des monuments historiques en Algérie de 1871 à 1880. Il a laissé sur eux, dans un rapport, d'importantes observations accompagnées de croquis, de dessins et de plans. C'est là une source importante de renseignements dont il importe détenir compte dans une élude d'ensemble de l'architecture tlemcenienne.
Il convient de mentionner aussi une bonne monographie de Piesse, continuée par Canal, dans la Revue de l’Afrique française.
Dans la masse des descriptions moins scientifiques que pseudo-littéraires inspirées par Tlemcen à des visiteurs d'un jour, il faut signaler les jolies pages qu'Ary Renan a consacrées à ses monuments dans la Gazette des Beaux-Arts et les articles moins estimables parus dans le Tour du monde et signés de Lorral.
Enfin une large part est faite aux édifices tlemceniens dans la bonne étude d'ensemble que Basset a publiée sur le Développement historique de Part maghrébin dans l’Algérie par ses monuments.
De ces publications, les unes, comme les ouvrages de Barges, tirées à un nombre assez restreint d'exemplaires, sont aujourd'hui devenues fort rares; les autres sont éparses dans diverses revues ou dans des collections comme les Archives des Missions scientifiques, difficilement accessibles au public. Il a paru qu'une étude d'ensemble sur les monuments tlemceniens ne serait pas inutile; et M. le directeur des Beaux-arts a bien voulu nous en confier l'entreprise. Aussi bien il nous restait peut-être à faire quelque chose de plus que nos devanciers. Le principal intérêt des édifices tlemceniens réside, comme nous espérons le montrer plus loin, dans l'évidente parenté qui les unit aux monuments andalous.
Que l'on songe, d'autre part, que Girault de Prangey, dont l’Essai sur l’architecture des Mores demeure le meilleur manuel d'archéologie musulmane occidentale, ignorait entièrement les monuments de Tlemcen, et l'on comprendra que, sur ce terrain, une étude comparative restait à faire; nous l'avons tentée dans cet ouvrage.
L'introduction paraîtra peut-être démesurée. Après mûre réflexion, nous avons jugé à propos de grouper au début du livre, dans un tableau d'ensemble, les observations d'ordre un peu général sur le style, la construction, la décoration, que nous a suggérées l'étude individuelle des monuments tlemceniens. De la sorte cette introduction peut être considérée comme un essai de petit précis de l'art arabe maghrébin ; et sur bien des points, dans le reste de l'ouvrage, nous n'avons eu qu'à y renvoyer.
Les dessins qui illustrent ce livre sont l'œuvre de l'un de nous. Ils ont été exécutés tout exprès en présence des monuments pendant les mois de mai, juin et juillet 1902. Un petit nombre d'entre eux seulement a été emprunté aux relevés des édifices tlemceniens, qui figurent dans les dossiers des monuments historiques. Des photographies, quelques-unes sont l'œuvre de M. S. Gsell, et de M. le capitaine Bertillon, que nous remercions vivement de cette communication de documents. Nous sommes redevables de la plus grande partie à nos amis, MM. Chantron et Perdrizet, professeurs au collège de Tlemcen. Avec une bonne grâce infatigable, ils ont mis à notre disposition leur talent de photographes, et c'est au cours de nos communes promenades archéologiques à travers les rues de Tlemcen et les chemins de sa banlieue que les clichés reproduits dans les planches de cet ouvrage ont été réunis. Ce sont pour nous, qu'il nous soit permis de le dire, non seulement des documents, mais aussi de bons souvenirs.
Nous devons enfin remercier tout particulièrement M. S. Gsell, professeur à l'Ecole des lettres d'Alger, dont la complaisance nous a épargné les soucis matériels de la reproduction photo typique, de la correction des épreuves de l'illustration. Four tout ce qui concerne cette partie de l'ouvrage il a prêté un continuel secours à notre inexpérience, et nous lui en avons une bien vive gratitude.
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Posté Le : 10/08/2011
Posté par : tlemcen2011
Ecrit par : Tlemcen, octobre 1902. William et Georges Marçais.