Algérie

Les moins de 40 ans non concernées par le planning



La nouvelle mesure concernant le dépistage du cancer du sein est, normalement, entrée en vigueur ce mois-ci. Rappelons que les différentes agences de la CNAS (Caisse Nationale des Assurances Sociales) ont pour mission l’accompagnement des femmes assurées et ce pour une consultation au service imagerie. Dans la durée, des milliers de femmes algériennes seront convoquées, elles bénéficieront d’un dépistage gratuit et pour beaucoup d’entre-elles cela signifiera qu’un diagnostic d’un cancer précoce sera possible surtout que, selon les statistiques, cette forme de cancer occupe la deuxième place des cancers (avec 3 500 décès par an).Techniquement parlant, le secteur de la santé en Algérie a les moyens de supporter la charge du flux des patientes, pour le moment les quatre centres de la CNAS (Jijel, Constantine, Maghnia et Laghouat) en plus de celui d’Alger en collaboration avec les CHU et les hôpitaux, sont prêts pour accueillir à titre gracieux les femmes affilées à cet organisme. Toutefois, cette mesure si salutaire qu’elle soit, se heurte depuis son lancement à quelques petits obstacles, car si dans un premier temps le ministre de la Santé qui annonçait, il y a quelques mois, que le dépistage sera obligatoire pour les femmes de plus de 40 ans (celles affilées à la CNAS), sur le terrain c‘est une autre chose. Nous avons voulu  toucher un mot et obtenir des précisions de la part des responsables de la CNAS de Constantine, avec d’abord le médecin-chef  du Service imagerie qui nous a poliment demandé une autorisation du directeur, ce dernier que nous avons aussitôt sollicité pour avoir son aval nous a signifié à son tour que pour divulguer la moindre information il faudrait l’accord de la direction d’Alger ! Autant dire que la communication des chiffres semble déranger les responsables qui en plus nous ont fait savoir qu’ils ont refusé de communiquer le moindre chiffre à plusieurs journalistes.Difficile donc de récolter des informations d’autant plus qu’il nous était aussi impossible de communiquer avec les patientes convoquées ce jour là (dimanche) car au Service d’imagerie il n’y a pas seulement les consultations pour mammographie, et nos tentatives de convaincre des patientes dont l’âge dépasse les 45 ans pour parler d’un sujet aussi sensible que le dépistage du cancer du sein, sont restées vaines. Et pour avoir un minimum d’informations, nous nous sommes tournés vers le personnel travaillant à la CNAS. Péniblement, nous avons réussi à convaincre un médecin qui a tenu à garder l’anonymat pour nous parler. 17 FEMMES SUR 40 ONT FAIT UN DÉPISTAGEDes irrégularités ' Il y en a. Pour lui, le premier problème est que beaucoup de femmes ne répondent pas à la convocation de la CNAS parce que tout simplement elles sont mal informées, certaines pensent d’ailleurs qu’il faut payer une somme d’argent pour passer une mammographie.Autre anomalie observée concerne le nombre de femmes examinées par jour, normalement le chiffre doit atteindre les 40, mais en réalité la moyenne actuelle ne dépasse pas les 17 patientes, selon lui. C’est peut être le manque de personnel et de places qui en sont la cause mais ce chiffre, nous précise-t-il, sera néanmoins revu à la hausse dans les prochains jours pour atteindre une trentaine de patientes/jour. Ceci dit, le manque de transparence de la part de la direction peut s’expliquer aussi par le fait que dans certains cas les consultations sont tout simplement refusées à des femmes (qui ont moins de 40 ans et donc ne faisant pas partie du planning) mais dont le cas est pourtant urgent.Le médecin nous précise entre autre que la mammographie du CHU est en panne depuis quelques jours, et qu’hormis les cliniques privées la seule radiographie qui fonctionne encore est celle de la CNAS. Or, la CNAS refuse de recevoir ces femmes malgré une prescription des médecins spécialistes du CHU, ce qui veut dire qu’à Constantine les femmes de moins 40 ans désirant faire un dépistage d’un cancer du sein sont  condamnées à voir ailleurs que dans le service public. Il nous citera l’exemple d’une jeune femme de 34 ans qui s’est présentée au Service imagerie munie d’une recommandation d’un médecin mais qui s’est vue refuser la mammographie au motif qu’elle ne répond pas aux critères de sélection, en d’autres mots elle doit donc attendre ses 40 ans pour pouvoir effectuer une radiographie !


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