Le Premier ministre, dans une tentative d'absorption de la colère sociale, est revenu à la charge à travers un communiqué dans lequel il rappelle que le droit à la grève était garanti. Djerad avertit, néanmoins, que ces mouvements de grève étaient exploités à des «fins douteuses», mettant cela sur le dos d'une situation héritée des deux dernières décennies.Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Au moment où les ministres dont les secteurs sont en ébullition engageaient une course contre la montre pour éviter les mouvements de grève annoncés pour cette semaine, le Premier ministre est une fois de plus monté au créneau ce jeudi.
Dans une tentative d'édulcorer des propos très durs à l'égard des syndicats, Abdelaziz Djerad s'adresse aux travailleurs, les qualifiant de «forces vives» qu'il appelle à faire «la distinction entre l'exercice des droits syndicaux consacrés et l'expression de leurs revendications professionnelles qui doivent être examinées à travers un dialogue ouvert, et entre les appels de certains mouvements subversifs qui ne cherchent qu'à compliquer la situation et exploiter leurs situations socioprofessionnelles pour des fins douteuses».
Dans le fond, l'approche du Premier ministre ne change pas, puisqu'il continue d'affirmer que les mouvements de grève obéissaient à d'autres considérations que celles liées à des revendications purement professionnelles. Il pointe du doigt l'héritage des deux dernières décennies qui, dit-il, «ont été marquées, sous le régime de la Issaba, par l'émergence de mauvaises pratiques, en passant du cadre de la revendication légitime des droits à la logique d'illégitimité».
Dans le même sillage, le Premier ministre fustige «une minorité limitée dont certains membres établis à l'étranger œuvrent pour la diffusion du désespoir et la mise en échec du processus de changement et de lutte contre la corruption», et continue d'invoquer la théorie du complot en mettant l'accent sur «une exploitation de l'activité syndicale par certains mouvements subversifs visant à semer la fitna».
S'adressant directement aux travailleurs, le Premier ministre leur demande de «faire montre de sens de responsabilité et de respect de la légitimité juridique telle que prévu dans les législations en vigueur, et d'éviter de tomber dans le piège de ceux qui veulent semer le chaos dans le pays».
Il rappelle au passage que «la Constitution algérienne, notamment ses articles 69 et 70, et la législation nationale ont consacré l'exercice des droits syndicaux ,y compris le droit à la grève», mais que ce dernier «ne doit pas se faire au détriment des lois y afférentes, notamment en ce qui concerne l'activation des différents mécanismes de règlement des conflits collectifs du travail, par voie de réconciliation, médiation et arbitrage, tel que stipulé dans les dispositions de la loi 90-02 relative à la prévention et au règlement des conflits collectifs du travail et à l'exerce du droit de grève modifiant et complétant la loi 91-27».
En lieu et place des mouvements de grève, le gouvernement propose «l'examen et le traitement des revendications exprimées pour leur trouver des solutions adéquates, dans le cadre d'une approche progressive qui tienne compte des retombées et répercussions de la crise économique et sanitaire que traverse le pays, et qui ne peut altérer le niveau et la qualité de vie des citoyens». Cela, à travers «une approche progressive qui prenne en compte les répercussions et les retombées de la crise économique et sanitaire que traverse le pays».
Après toutes ces mises en garde, le gouvernement se dit «déterminé à poursuivre le dialogue avec les partenaires sociaux afin de consolider la paix sociale et à faire face avec fermeté à toute velléité de porter atteinte à l'ordre public». Un ton qui rejoint celui utilisé lors du Conseil du gouvernement au cours duquel le Premier ministre assurait que «l'exploitation abusive et arbitraire des mouvements de grève ne sera que contre-productive».
N. I.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 08/05/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Nawal Imès
Source : www.lesoirdalgerie.com