Les mises en garde de la Banque mondiale

? Le changement climatique constitue un facteur de migration de plus en plus puissant qui pourrait contraindre, d'ici à 2050, jusqu'à 216 millions de personnes à migrer à l'intérieur de leur pays à la recherche de meilleures conditions de vie. L'Afrique du Nord pourrait enregistrer jusqu'à 19,9 millions de migrants climatiques internes soit 4,2% de la population totale.C'est du moins ce que prévoit la Banque mondiale dans sa dernière édition du rapport "Groundswell". Dans un scénario plus pessimiste, le nombre projeté de migrants climatiques est estimé à 13 millions, soit 6% de la population totale de la région. Ces migrants climatiques vont renforcer un phénomène déjà à l'?uvre, celui de la baisse de la population rurale en Afrique du Nord.
D'ici à 2050, prévoit le rapport, la part de la population urbaine dans la population totale de la région devrait atteindre les 77%. L'Afrique du Nord, relève le rapport, devrait afficher la proportion la plus importante de migrants climatiques internes par rapport à la population totale. "Les estimations publiées dans le rapport sont probablement prudentes", note la Banque mondiale qui évoque plusieurs raisons.
L'analyse se focalise sur les migrations induites par les effets manifestes à évolution lente du changement climatique au travers de la disponibilité de l'eau, de la productivité agricole et de l'élévation du niveau de la mer. Les résultats de la modélisation font apparaître les perturbations de la disponibilité de l'eau comme le principal moteur des migrations climatiques internes en Afrique du Nord. En Algérie, plus de 70% des ménages interrogés percevaient la pluie comme étant plus erratique et les températures plus chaudes.
Les points chauds d'émigration climatique comprennent d'importantes zones côtières, dont la côte nord-ouest de l'Algérie, y compris Oran. Cependant, prévoit le rapport, "plusieurs autres lieux où l'eau est plus disponible devraient devenir des foyers d'immigration climatique, notamment des centres urbains importants comme Le Caire, Alger, Tunis, Tripoli et le corridor Casablanca-Rabat, et Tanger".

Meziane RABHI