Le procès d'Ouyahia, Sellal, et de quinze autres personnes poursuivies dans «l'affaire de l'automobile» s'est déroulé hier au tribunal de Sidi-M'hamed, dans des conditions nettement différentes de celles qui avaient prévalu le 2 décembre dernier.Abla Chérif - Alger (Le Soir) - Pour mener à bien ce procès peu ordinaire, le premier des anciens hauts responsables emprisonnés pour corruption, instruction a été visiblement donnée de revoir toute l'organisation devant permettre une mise en place plus efficace que celle qui avait prévalu il y a deux jours.
Ce lundi, le tribunal avait été pris d'assaut pas des centaines de citoyens pressés d'apercevoir les visages de toutes ces personnalités accusées d'avoir précipité le pays dans la faillite. Déçue de n'avoir pu pénétrer à l'intérieur de la salle d'audience qui s'est révélée trop exiguë pour contenir tout ce monde, la foule s'était déchaînée, entraînant des scènes de confusion incroyables. Hier, les citoyens qui se sont présentés pour assister au procès tant attendu étaient nettement moins nombreux.
Echaudés par leur première tentative (celle du 2 décembre), certains n'ont cependant pas hésité à revenir avant de rebrousser chemin en voyant la file d'attente canalisée derrière des barrières spécialement mises en place à l'extérieur du tribunal placé sous haute protection policière. Il faut dire que les espaces d'attente d'ouverture des portes du tribunal ont été séparés cette fois.
Les journalistes qui n'avaient pu couvrir l'évènement la première fois et les avocats qui avaient eux aussi toutes les peines du monde à se frayer un chemin jusqu'à la salle du procès ont ainsi pu accomplir leur mission sans entraves. Contrairement à ses habitudes, le tribunal n'a ouvert ses portes qu'autour de 9h du matin. Toutes les affaires courantes ayant été renvoyées à une date ultérieure, le hall de la bâtisse se trouvait donc plongé dans le calme.
Un comptoir où les journalistes pouvaient retirer un badge a été mis en place, supervisé par le procureur de la République qui s'était engagé lundi à étudier la situation de manière à permettre aux médias d'accomplir leur travail.
A l'étage supérieur, les quatre écrans géants mis en place pour retransmettre le procès à ceux qui n'ont pas eu la chance de pouvoir pénétrer la salle d'audience étaient fonctionnels cette fois.
A l'intérieur, l'attente s'est prolongée jusqu'aux environs de 10h30. Lorsque le juge et procureur s'installent et annoncent officiellement l'ouverture de la séance, il régnait toujours un brouhaha mis sur le compte des avocats présents en trop grand nombre.
Le juge demande aux robes noires non constituées dans les affaires à étudier de se retirer, mais beaucoup résistent. La séance est levée durant quinze minutes pour permettre le retrait demandé. Les réfractaires s'entendent aussi adresser un avertissement ferme : «Ceux qui refusent de sortir devront assumer leur position devant le Conseil de discipline.» Ils s'exécutent alors. C'est aussi le moment où les prévenus entrent les uns après les autres.
Toutes les personnes présentes dans la salle se lèvent alors comme un seul homme pour apercevoir les visages de ces anciens hauts responsables. Le premier à apparaître est Abdelmalek Sellal. Il a les traits tirés mais paraît beaucoup plus détendu que Ahmed Ouyahia. Ce dernier, visiblement affaibli, traîne le pas. Entrent, ensuite, Youcef Yousfi, ancien ministre de l'Industrie, Mohamed Baïri, propriétaire du groupe Ival, et Ali Haddad. C'est eux qui seront auditionnés durant la journée. D'autres attendront leur tour de longues heures : Hacène Arbaoui, Mahdjoub Bedda, Ahmed Mazouz. Le juge cite le nom de toutes les personnes appelées à être jugées. Parmi eux figurent le nom de Fares Sellal, le fils de l'ancien Premier ministre est poursuivi pour obtention d'indus avantages. Plusieurs autres personnes également poursuivies dans le dossier automobile sont présentes dans la salle. Parmi elles, Nouria Zerhouni, ancienne wali de Boumerdès, soupçonnée d'avoir octroyé des biens fonciers à Baïri. Avec les témoins, elle est menée dans un bureau où ils attendront d'être appelés par le juge. La séance s'ouvre enfin. Le collectif de défense des prévenus incarcérés n'est pas présent. Les avocats ayant décidé de maintenir leur décision de boycott.
Me Mejdouba Abdelaziz, bâtonnier du barreau de Blida constitué dans ces affaires, s'approche et s'adresse au juge au nom de l'ensemble de ses collègues constitués. Il demande un renvoi dicté, dit-il, par «les conditions d'organisation du procès et le contexte général dans lequel il se déroule». Le juge refuse puis pose la question à chacun des prévenus : «Vos avocats boycottent la séance, vous êtes libres de répondre ou de vous taire. Que choisissez-vous '» La réponse est la même pour tous les concernés : «Nous acceptons de répondre aux questions.» Le reste de la matinée est alors réservé à l'audition de Ahmed Ouyahia et Sellal.
A. C.
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Posté Le : 05/12/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abla Chérif
Source : www.lesoirdalgerie.com