Algérie

Les mines antipersonnel continuent à mutiler



Des victimes sans statut ni aides Entré en vigueur en 1999, le traité d?interdiction des mines antipersonnel, bien que ratifié par 150 pays, n?a pas empêché « ces assassins invisibles de continuer à mutiler et à tuer. Ainsi, à travers les mines, les guerres du XXe siècle continuent de faire de nouvelles victimes au XXIe siècle », selon les mots de M. Adimi, ex-responsable auprès de la chefferie du gouvernement du comité interministériel chargé du suivi de la convention d?Ottawa et invité d?honneur de l?Association nationale pour la défense des victimes algériennes des mines antipersonnel (ANDVMA). Jeudi à Biskra, l?ANDVMA célébrait la « Journée sans mines » dans le cadre de la résidence Transat en présence des autorités locales, des représentants d?une vingtaine d?associations de wilaya, et surtout de plusieurs survivants algériens aux mines françaises. « Paradoxalement, pour les survivants algériens aux explosions des mines, la guerre d?Algérie ne s?est pas arrêtée en 1962, dans la mesure où 13 millions d?engins de mort ??oubliés?? par l?armée française sur notre territoire augmentent chaque jour le nombre des victimes innocentes », renchérit M.Djouadi, président de l?association, qui ajoute que la France n?a entrepris ni le déminage des régions déclarées zones interdites ni les deux lignes électrifiées, du nom de A.Morice, ministre de la Défense dans le gouvernement de Bourgès-Maunory, et de celui de M.Challe, commandant des forces françaises à l?époque, de triste renommée. Long de plus de 850 km, chaque barrage, censé empêcher les incursions des éléments de l?ALN basés en Tunisie et au Maroc, est truffé, sur une largeur de 60 à 100 m, de toutes sortes de mines que l?armée française a laissées telles quelles en 1962. Partie sans tambour ni trompette, celle-ci n?a remis aux démineurs algériens aucun plan et? pis encore, ne reconnaît nullement sa responsabilité matérielle ou morale dans les drames qui s?ensuivirent, bafouant ainsi les règles élémentaires du droit international humanitaire qui impose aux belligérants, et en toutes circonstances, de faire la distinction entre civils et cibles militaires. Bref, la « Guerre d?Algérie », reconnue tardivement par les instances françaises, est bien terminée, mais ses « effets collatéraux » en quelque sorte, et particulièrement ses engins de mort, en l?occurrence les mines, continuent post-conflit à tuer et à estropier impunément des Algériens. Venus des quatre coins du pays, Chems Eddine, Saliha et les autres étaient nombreux ce jeudi dans la salle Transat de Biskra à montrer pudiquement aux journalistes leurs visages défigurés, leurs membres mutilés et leurs corps lacérés par les mines made in France. Sans statut, sans aide et sans réconfort, il ne leur reste plus que leurs yeux pour pleurer leur avenir à jamais gâché. « Sarkozy est libre de ne pas faire acte de repentance des horreurs de la colonisation et de la guerre, mais il est permis d?espérer que la France, pays des droits de l?homme, finira un jour par avoir le courage de reconnaître sa forfaiture », nous confie avec véhémence une jeune femme qu?une mine antipersonnel a complètement défigurée.


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