Algérie

Les milliards de l'indécence



Les milliards de l'indécence
En plus d'un salaire mensuel de 30 millions, ils empocheront 260 millions de prime de... fin de mandatAlors que les citoyens lambda sont appelés à serrer la ceinture, une catégorie supérieure affiche fièrement des primes avec plusieurs zéros derrière...Un code moderne de l'indigénat pour les Algériens' C'est ce que se demandent les citoyens en voyant les primes des joueurs de football, députés et autres hauts fonctionnaires. Toutes proportions gardées, ils s'interrogent sinon comment expliquer l'émergence de deux collèges: d'un côté des Algériens appelés à se serrer la ceinture et de l'autre les «chouchous» de la République qui affichent fièrement des primes avec plusieurs zéros derrière... La dernière information en date qui a choqué les citoyens est le «cadeau» que vont recevoir les députés pour leur fin de mandat, à savoir 260 millions de centimes chacun, en plus de leurs 30 millions de centimes qu'ils ont empoché chaque mois depuis 5 ans. Au total, le Trésor devra payer 12 milliards de centimes de primes à nos députés. Une somme faramineuse qui a occupé toutes les discussions dans la rue ou sur les réseaux sociaux. Elle vient aussi relancer le débat sur cette catégorie de privilégiés dont les joueurs de football sont les «meilleurs» ambassadeurs. La vie est belle pour nos footballeurs! Les clubs «étatiques» avec les salaires mirobolants qu'ils proposent aux joueurs font preuve d'une opulence ostentatoire! La Sonatrach et trois de ses filiales, sont aux commandes de quatre grands clubs algériens. Ainsi, le Mouloudia d'Alger est la propriété de la maison-mère la Sonatrach, alors que le MC Oran, le CS Constantine et la JS Saoura sont respectivement dans le giron de Naftal, l'Entp et l'Enafor. Des investissements qui, dans d'autres pays qui répondent à une logique commerciale, auraient été fructueux mais pas chez nous. Ces clubs de football ne font que pomper l'argent public pour des résultats désastreux. On cite l'exemple du Mouloudia d'Alger qui a été repris par la Sonatrach en 2012 pour plus de 300 millions de dinars, qui représentaient... le passif du club. 4 ans plus tard, il n'y a aucun retour sur investissement qui se profile à l'horizon. Bien au contraire, on ne cesse d'injecter de l'argent public. On parlerait de près de dix fois la somme injectée au départ, dépensée en ces quatre petites années pour payer rubis sur l'ongle les joueurs. Et la crise financière semble être loin de ces clubs qui ont affolé le mercato estival avec des sommes surréalistes, malgré la tentative de la Fédération algérienne de football de plafonner les salaires. Mais nos clubs ont trouvé la solution pour dépenser des milliards de dinars afin de s'attacher les services des «Messi» du football national. Ça se négocie en centaines de millions de centimes comme salaires mensuels. Pis encore, ils ne se contentent pas de dépenser des milliards de dinars, mais même la devise y passe! Entraîneurs, joueurs étrangers et même émigrés ont le droit à des milliers d'euros par mois, sans parler des primes de matchs. Des joueurs africains et même brésiliens, avaient trouvé le filon en s'engageant en masse dans nos clubs, avant que Raouraoua, le président de la FAF, ne vienne stopper l'«hémorragie» en interdisant le recrutement de joueurs étrangers. Notre championnat de football étant devenu un nouvel eldorado pour les entraîneurs anonymes de l'Hexagone, des joueurs venus d'Afrique noire, de seconde zone et bien sûr certains compatriotes qui n'arrivent pas à assurer leurs places dans les divisions inférieures, en France. Ils reçoivent des salaires de 18.000, 20.000 jusqu'à 25.000 euros pour certains joueurs! De la devise qui circule sans aucune traçabilité du fait de l'absence de transparence sur le marché des transferts dans la mesure où les clubs ne divulguent pas les montants des transferts. Des soupçons pèsent même sur les transferts illicites de devises via ces recrutements de joueurs fantoches. Quand ce sont des clubs qui constituent la propriété privée d'hommes, la couleuvre peut passer, mais quand il s'agit d'argent public comme avec les quatre clubs précités, la pilule ne peut pas être avalée. Ces joueurs de football qui sont employés dans ces entreprises touchent plus que leur P-DG. Pour quels résultats. Des ingénieurs qui ont fait de hautes études et dont l'apport rapporte des milliards à l'entreprise et au pays, dépassent difficilement les 100.000 dinars/mois, alors qu'un gardien de but qui surveille une fois par semaine 7 m 32, touche 20 fois plus. En outre, c'est de l'argent net qu'ils touchaient puisque contrairement aux pauvres travailleurs, eux ne payaient pas l'IRG et encore moins les cotisations sociales. L'Etat a tenté de remédier à la chose en les obligeant à payer leur charges sociales, chose qui a été faite, mais sous des conditions qui leur permettent de garder leurs gros «avantages». Que dire alors du train de vie de nos responsables. Les voitures de luxe de nos ministres, députés, walis, chefs de daïra, chefs d'entreprise publique, hauts cadres de l'Etat, reflétant le luxe dans lequel baigne cette catégorie de responsables, qui devrait en principe être la première à montrer l'exemple. Les salaires scandaleux et autres avantages de ces fonctionnaires et représentants du peuple étaient tolérés par les Algériens en période de richesse, mais sûrement pas en période de récession...Le discours officiel a tendance à se focaliser sur la réduction des importations pour sauver le pays de la banqueroute, mais mettre d'abord fin à ces gaspillages serait déjà un grand bien pour l'économie nationale. Cela fera gagner beaucoup d'argent et surtout faire avaler la couleuvre de l'austérité aux citoyens. Car, il est vrai que la situation du pays est délicate, elle nécessite donc des efforts et des sacrifices de la part de tout le monde, à commencer par les responsables. Dans le cas contraire, cela s'appellerait de l'indécence...


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