Algérie

Les mille et une nuits



Billet du prince Camaralzaman à la Princesse de Chine CLXXXVIème nuit (Suite) «Seigneur, reprit Amgiad, je dois paraître bien coupable dans votre esprit; mais, si vous voulez bien avoir la patience de m’entendre, j’espère que vous me trouverez très innocent. «Il poursuivit son discours et lui raconta en peu de mots la chose comme elle était, sans rien déguiser; et, afin de le bien persuader qu’il n’était pas capable de commettre une action aussi indigne que de forcer une maison, il ne lui cacha pas qu’il était prince, non plus que la raison pour laquelle il se trouvait dans la ville des mages. Bahader, qui aimait naturellement les étrangers, fut ravi d’avoir trouvé l’occasion d’en obliger un de la qualité et du rang d’Amgiad. En effet, à son air, à ses manières honnêtes, à son discours en termes choisis et ménagés, il ne douta nullement de sa sincérité. «Prince, lui dit-il, j’ai une joie extrême d’avoir trouvé lieu de vous obliger dans une rencontre aussi plaisante que celle que vous venez de me raconter. Bien loin de troubler la fête, je me ferai un très grand plaisir de contribuer à votre satisfaction. Avant que de vous communiquer ce que je pense là-dessus, je suis bien aise de vous dire que je suis grand écuyer du roi et que je m’appelle Bahader. J’ai un hôtel, où je fais ma demeure ordinaire, et cette maison est un lieu où je viens quelquefois pour être plus en liberté avec mes amis. Vous avez fait accroire à votre belle que vous aviez un esclave, quoique vous n’en ayez pas. Je veux être cet esclave; et, afin que cela ne vous fasse pas de peine et que vous ne vous en excusiez pas, je vous répète que je veux l’être absolument; et vous en apprendrez bientôt la raison. Allez donc vous remettre à votre place et continuez de vous divertir; et, quand je reviendrai dans quelque temps et que je me présenterai devant vous en habit d’esclave, querellez-moi bien; ne craignez même pas de me frapper: je vous servirai tout le temps que vous tiendrez table et jusqu’à la nuit. Vous coucherez chez moi, vous et la dame, et demain matin vous la renverrez avec honneur. Après cela, je tâcherai de vous rendre des services de plus de conséquence. Allez donc, et ne perdez pas de temps». Amgiad voulut repartir; mais le grand écuyer ne le permit pas et il le contraignit d’aller retrouver la dame. Amgiad fut à peine rentré dans la salle, que les amis que le grand écuyer avait invités arrivèrent. Il les pria obligeamment de vouloir bien l’excuser s’il ne les recevait pas ce jour-là, en leur faisant entendre qu’ils en approuveraient la cause quand il les en aurait informés, au premier jour. Dès qu’ils furent éloignés, il sortit et alla prendre un habit d’esclave. Le prince Amgiad rejoignit la dame, le cœur bien content de ce que le hasard l’avait conduit dans une maison qui appartenait à un maître d’une si grande distinction et qui en usait si honnêtement avec lui. En se remettant à table: «Madame, lui dit-il, je vous demande mille pardons de mon incivilité et de la mauvaise humeur où je suis de l’absence de mon esclave; le maraud me le payera: je lui ferai voir s’il doit être dehors si longtemps. A suivre...


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