Algérie

Les mille et une nuits



Billet du prince Camaralzaman à la Princesse de Chine CLXXXVIème nuit Amgiad fut contraint de faire ce que la dame voulut, ils se mirent à table et ils mangèrent. Après les premiers morceaux, la dame prit un verre et une bouteille, se versa à boire et but la première, à la santé d’Amgiad. Quand elle eut bu, elle remplit le même verre et le présenta à Amgiad, qui lui fit raison. Plus Amgiad faisait réflexion sur son aventure, plus il était dans l’étonnement de voir que le maître de la maison ne paraissait pas, et même qu’une maison où tout était si propre et si riche était sans un seul domestique. «Mon bonheur serait bien extraordinaire, se disait-il à lui-même, si le maître pouvait ne pas venir que je fusse sorti de cette intrigue!» Pendant qu’il s’entretenait de ces pensées, et d’autres plus fâcheuses, la dame continuait de manger, buvait de temps en temps et l’obligeait de faire de même. Ils en étaient bientôt au fruit, lorsque le maître de la maison arriva. C’était le grand écuyer du roi des mages, et son nom était Bahader. La maison lui appartenait; mais il en avait une autre, où il faisait sa demeure ordinaire. Celle-ci ne lui servait qu’à se régaler en particulier, avec trois ou quatre amis choisis; il y faisait tout apporter de chez lui, et c’est ce qu’il avait fait faire, ce jour-là, par quelques-uns de ses gens, qui ne faisaient que de sortir peu de temps avant qu’Amgiad et la dame arrivassent. Bahader arriva sans suite et déguisé, comme il le faisait presque ordinairement, et il venait un peu avant l’heure qu’il avait donnée à ses amis. Il ne fut pas peu surpris de voir la porte de sa maison forcée. Il entra sans faire du bruit; et, comme il eut entendu que l’on parlait et que l’on se réjouissait dans la salle, il se coula le long du mur et avança la tête à demi, à la porte, pour voir quelles gens c’étaient. Comme il eut vu que c’étaient un jeune homme et une jeune dame qui mangeaient à la table qui n’avait été préparée que pour ses amis et pour lui, et que le mal n’était pas si grand qu’il se l’était imaginé d’abord, il résolut de s’en divertir. La dame, qui avait le dos un peu tourné, ne pouvait pas voir le grand écuyer; mais Amgiad l’aperçut d’abord et alors il avait le verre à la main. Il changea de couleur à cette vue, les yeux attachés sur Bahader, qui lui fit signe de ne dire mot et de venir lui parler. Amgiad but et se leva. «Où allez-vous? lui demanda la dame. -Madame, lui dit-il, demeurez, je vous prie, je suis à vous dans le moment; une petite nécessité m’oblige, de sortir». Il trouva Bahader qui l’attendait sous le vestibule et qui le mena dans la cour, pour lui parler sans être entendu de la dame. Quand Bahader et le prince Amgiad furent dans la cour, Bahader demanda au prince par quelle aventure il se trouvait chez lui avec la dame et pourquoi ils avaient forcé la porte de sa maison. A suivre...


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