Algérie

Les mille et une nuits


Billet du prince Camaralzaman à la Princesse de Chine CLXXXIIe nuit (Suite) Camaralzaman fut proclamé roi et marié le même jour avec de grandes magnificences et fut très satisfait de la beauté, de l’esprit et de l’amour de la princesse Haïatalnefous. Dans la suite, les deux reines continuèrent de vivre ensemble avec la même amitié et de la même union qu’auparavant, et furent très satisfaites de l’égalité que le roi Camaralzaman gardait à leur égard, en partageant son lit avec elles alternativement. Elles lui donnèrent chacune un fils, la même année, presque en même temps; et la naissance des deux princes fut célébrée avec de grandes réjouissances. Camaralzaman donna le nom d’Amgiad 1 au premier, dont la reine Badoure était accouchée, et celui d’Assad 1 à celui que la reine Haïatalnefous avait mis au monde. Les deux princes furent élevés avec grand soin; et lorsqu’ils furent en âge, ils n’eurent que le même gouverneur, les mêmes précepteurs dans les sciences et dans les beaux-arts, que le roi Camaralzaman voulut qu’on leur enseignât, et que le même maître dans chaque exercice. La forte amitié qu’ils avaient l’un pour l’autre dès leur enfance avait donné lieu à cette uniformité, qui l’augmenta davantage. En effet, lorsqu’ils furent en âge d’avoir chacun une maison séparée, ils étaient unis si étroitement qu’ils supplièrent le roi Camaralzaman leur père de leur en accorder une seule pour tous deux. Ils l’obtinrent, et ainsi ils eurent les mêmes officiers, les mêmes domestiques, les mêmes équipages, le même appartement et la même table. Insensiblement, Camaralzaman avait pris une si grande confiance en leur capacité et en leur droiture, que, lorsqu’ils eurent atteint l’âge de dix-huit à vingt ans, il ne faisait pas difficulté de les charger du soin de présider au conseil alternativement, toutes les fois qu’il faisait des parties de chasse de plusieurs jours. Comme les deux princes étaient également beaux et bien faits, dès leur enfance, les deux reines avaient conçu pour eux une tendresse incroyable, de manière néanmoins que la princesse Badoure avait plus de penchant pour Assad, fils de la reine Haïatalnefous, que pour Amgiad, son propre fils, et que la reine Haïatalnefous en avait plus pour Amgiad que pour Assad, qui était le sien. Les reines ne prirent d’abord ce penchant que pour une amitié qui procédait de l’excès de celle qu’elles conservaient toujours l’une pour l’autre; mais, à mesure que les princes avancèrent en âge, elle se tourna peu à peu en une forte inclination, et cette inclination en un amour des plus violents, lorsqu’ils parurent à leurs yeux avec des grâces qui achevèrent de les aveugler. Toute l’infamie de leur passion leur était connue; elles firent aussi de grands efforts pour y résister; mais la familiarité avec laquelle elles les voyaient tous les jours et l’habitude de les admirer dès leur enfance, de les caresser, dont il n’était plus en leur pouvoir de se défaire, les embrasèrent d’amour à un point qu’elles en perdirent le sommeil, le boire et le manger. Pour leur malheur et pour le malheur des princes mêmes, les princes, accoutumés à leurs manières, n’eurent pas le moindre soupçon de cette flamme détestable. A suivre...
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