Algérie

Les mille et une nuits



Billet du prince Camaralzaman à la Princesse de Chine CLXXVIe nuit (suite) Pour mieux voir le talisman, le prince Camaralzaman sortit hors de la tente, qui était obscure, et voulut le considérer au grand jour. Comme il le tenait au milieu de la main, un oiseau fondit de l’air tout à coup et le lui enleva. Votre Majesté, continua Scheherazade, peut mieux juger de l’étonnement et de la douleur de Camaralzaman, quand l’oiseau lui eut enlevé le talisman de la main, que je ne pourrais l’exprimer. A cet accident, le plus affligeant qu’on puisse imaginer, arrivé par une curiosité hors de saison et qui privait la princesse d’une chose précieuse, il demeura immobile quelques moments. L’oiseau, après avoir fait son coup, s’était posé à terre à peu de distance, avec le talisman au bec. Le prince Camaralzaman s’avança, dans l’espérance qu’il le lâcherait; mais, dès qu’il approcha, l’oiseau fit un petit vol et se posa à terre une autre fois. Il continua de le poursuivre ; l’oiseau après avoir avalé le talisman, fit un vol plus loin. Le prince, qui était fort adroit, espéra le tuer d’un coup de pierre et le poursuivit encore. Plus il s’éloigna de lui, plus il s’opiniâtra à le suivre et à ne le pas perdre de vue. De vallon en colline et de colline en vallon, l’oiseau attira, toute la journée, le prince Camaralzaman, en s’écartant toujours de la prairie et de la princesse Badoure; et, le soir, au lieu de se jeter dans un buisson, où Camaralzaman aurait pu le surprendre dans l’obscurité, il se percha au haut d’un grand arbre, où il était en sûreté. Le prince, au désespoir de s’être donné tant de peine inutilement, délibéra s’il retournerait à son camp. «Mais, dit-il en lui-même, par où retournerai-je? Redescendrai-je par les collines et par les vallons par où je suis venu? Ne m’égarerai-je pas dans les ténèbres? Et mes forces me le permettent-elles? Et, quand je le pourrais, oserais-je me présenter devant la princesse et ne pas lui rapporter son talisman?» Abîmé dans ces pensées désolantes, et accablé de fatigue, de faim, de soif, de sommeil, il se coucha et passa la nuit au pied de l’arbre. Le lendemain, Camaralzaman fut éveillé avant que l’oiseau eût quitté l’arbre; et il ne l’eût pas plus tôt vu reprendre son vol qu’il l’observa et le suivit encore toute la journée, avec aussi peu de succès que la précédente, en se nourrissant d’herbes ou de fruits qu’il trouvait en chemin. Il fit la même chose jusqu’au dixième jour, en suivant l’oiseau à l’œil, depuis le matin jusqu’au soir, et en passant la nuit au pied de l’arbre où il la passait toujours au plus haut. Le onzième jour, l’oiseau, toujours en volant, et Camaralzaman, ne cessant de l’observer, arrivèrent à une grande ville. Quand l’oiseau fut près des murs, il s’éleva au-dessus, et, prenant son vol au delà, il se déroba entièrement à la vue de Camaralzaman, qui perdit l’espérance de le revoir et de recouvrer jamais le talisman de la princesse Badoure. A suivre...


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