Algérie

Les mille et une nuits



Billet du prince Camaralzaman à la Princesse de Chine CLXXVIe nuit -Ma fille, reprit le roi, quelque déplaisir que votre éloignement doive me coûter, je ne puis désapprouver cette résolution: elle est digne de vous, nonobstant la fatigue d’un si long voyage. Allez, je le veux bien; mais à condition que vous ne demeurerez pas plus d’un an à la cour du roi Schahzaman. Le roi Schahzaman voudra bien, comme je l’espère, que nous en usions ainsi, et que nous revoyions tour à tour, lui, son fils et sa belle-fille, et moi, ma fille et mon gendre.» La princesse annonça ce consentement du roi de la Chine au prince Camaralzaman, qui en eut bien de la joie; et il la remercia de cette nouvelle marque d’amour qu’elle venait de lui donner. Le roi de la Chine donna ordre aux préparatifs de voyage; et, lorsque tout fut en état, il partit avec eux et les accompagna quelques journées. La séparation se fit enfin avec beaucoup de larmes de part et d’autre. Le roi les embrassa tendrement; et, après avoir prié le prince d’aimer toujours la princesse sa fille comme il l’aimait, il les laissa continuer leur voyage et retourna à sa capitale, en chassant. Le prince Camaralzaman et la princesse Badoure n’eurent pas plus tôt essuyé leurs larmes, qu’ils ne songèrent plus qu’à la joie que le roi Schahzaman aurait de les voir et de les embrasser et qu’à celle qu’ils auraient eux-mêmes. Environ au bout d’un mois qu’ils étaient en marche, ils arrivèrent a une prairie, d’une vaste étendue et plantée, d’espace en espace, de grands arbres qui faisaient un ombrage très agréable. Comme la chaleur était excessive ce jour-là, le prince Camaralzaman jugea à propos d’y camper, et il en parla à la princesse Badoure, qui y consentit d’autant plus facilement qu’elle voulait lui en parler elle-même. On mit pied à terre dans un bel endroit; et, dès que la tente fut dressée, la princesse Badoure, qui était assise à l’ombre, y entra pendant que le prince Camaralzaman donnait ses ordres pour le reste du campement. Pour être plus à son aise, elle se fit ôter sa ceinture, que ses femmes posèrent près d’elle; après quoi, comme elle était fatiguée, elle s’endormit et ses femmes la laissèrent seule. Quand tout fut réglé dans le camp, le prince Camaralzaman vint à la tente; et, comme il vit que la princesse dormait, il entra et s’assit sans faire de bruit. En attendant qu’il s’endormit peut-être aussi, il prit la ceinture de la princesse; il regarda l’un après l’autre les diamants et les rubis dont elle était enrichie, et il aperçut une petite bourse, cousue sur l’étoffe fort proprement et fermée avec un cordon. Il la toucha et sentit qu’il y avait quelque chose dedans qui résistait. Curieux de savoir ce que c’était, il ouvrit la bourse et il en tira une cornaline gravée de figures et de caractères qui lui étaient inconnus. «Il faut, dit-il en lui-même, que cette cornaline soit quelque chose de bien précieux ma princesse ne la porterait pas sur elle avec tant de soin, de crainte de la perdre, si cela n’était.» En effet, c’était un talisman dont la reine de la Chine avait fait présent à la princesse sa fille, pour la rendre heureuse, à ce qu’elle disait, tant qu’elle le porterait sur elle.   A suivre...


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