Algérie

Les mille et une nuits



Billet du prince Camaralzaman à la Princesse de Chine CLXXVe nuit (suite) Le prince Camaralzaman remercia le roi, dans les termes les plus soumis, pour lui témoigner mieux sa reconnaissance. «Pour ce qui est de ma personne, sire, poursuivit-il, il est vrai que je ne suis pas astrologue, comme Votre Majesté l’a bien jugé; je n’en ai pris que l’habillement, pour mieux réussir à mériter la haute alliance du monarque le plus puissant de l’univers. Je suis né prince, fils de roi et de reine ; mon nom est Camaralzaman, et mon père s’appelle Schahzaman: il règne dans les îles assez connues des Enfants de Khaledan.» Ensuite il lui raconta son histoire et lui fit connaître combien l’origine de son amour était merveilleuse, que celle de l’amour de la princesse était la même, et que cela se justifiait par l’échange des deux bagues. Quand le prince Camaralzaman eut achevé: «Une histoire si extraordinaire, s’écria le roi, mérite de n’être pas inconnue à la postérité. Je la ferai faire; et, après que j’en aurai fait mettre l’original en dépôt dans les archives de mon royaume, je la rendrai publique, afin que de mes États elle passe encore dans les autres.» La cérémonie du mariage se fit le même jour, et l’on en fit des réjouissances solennelles dans toute l’étendue de la Chine. Marzavan ne fut pas oublié : le roi de la Chine lui donna entrée dans sa cour, en l’honorant d’une charge, avec promesse de l’élever dans la suite à d’autres plus considérables. Le prince Camaralzaman et la princesse Badoure, l’un et l’autre au comble de leurs souhaits, jouirent des douceurs de l’hymen; et, pendant plusieurs mois, le roi de la Chine ne cessa de témoigner sa joie par des fêtes continuelles. Au milieu de ses plaisirs, le prince Camaralzaman eut un songe, une nuit, dans lequel il lui sembla voir le roi Schahzaman son père, au lit, prêt à rendre l’âme, qui disait : Ce fils, que j’ai mis au monde, que j’ai chéri si tendrement, ce fils m’a abandonné, et lui-même est cause de ma mort.» Il s’éveilla en poussant un grand soupir qui éveilla aussi la princesse; et la princesse Badoure lui demanda de quoi il soupirait. «Hélas! s’écria le prince, peut-être qu’à l’heure où je parle, le roi mon père n’est plus de ce monde!» Et il lui raconta le sujet, qu’il avait d’être troublé d’une si triste pensée. Sans lui parler du dessein qu’elle conçut sur ce récit, la princesse, qui ne cherchait qu’à lui complaire et qui connut que le désir de revoir son père pourrait diminuer le plaisir qu’il avait à demeurer avec elle dans un pays si éloigné, profita, le même jour, de l’occasion qu’elle eut de parler au roi de la Chine en particulier. «Sire, lui dit-elle en lui baisant la main, j’ai une grâce à demander à Votre Majesté, et je la supplie de ne me la pas refuser. Mais, afin qu’elle ne croie pas que je la demande à la sollicitation du prince mon mari, je l’assure auparavant qu’il n’y a aucune part. C’est de vouloir bien agréer que j’aille voir avec lui le roi Schahzaman, mon beau-père. A suivre...


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)