Algérie

Les mille et une nuits


Billet du prince Camaralzaman à la Princesse de Chine CLXXVe nuit (suite) Lorsque le prince Camaralzaman eut achevé ce billet, il en fit un paquet avec la bague de la princesse, qu’il enveloppa dedans, sans faire voir à l’eunuque ce que c’était; et en le lui donnant: «Ami, dit-il, prends ce paquet, et porte-le à ta maîtresse. Si elle ne guérit, du moment qu’elle aura lu ce billet et vu ce qui l’accompagne, je te permets de publier que je suis le plus indigne et le plus impudent de tous les astrologues qui sont et qui seront à jamais».L’eunuque entra dans la chambre de la princesse de Chine; et en lui présentant le paquet que le prince Camaralzaman lui envoyait: «Princesse, dit-il, un astrologue, plus téméraire que les autres, si je ne me trompe, vient d’arriver et prétend que vous serez guérie dès que vous aurez lu ce billet et vu ce qui est dedans. Je souhaiterais qu’il ne fût ni menteur ni imposteur». La princesse Badoure prit le billet et l’ouvrit avec assez d’indifférence; mais dès qu’elle eut vu sa bague, elle ne se donna presque pas le loisir d’achever de lire. Elle se leva avec précipitation, rompit la chaîne qui la tenait attachée de l’effort qu’elle fit, courut à la portière et l’ouvrit. La princesse reconnut le prince qui la reconnut. Aussitôt, ils coururent l’un à l’autre, s’embrassèrent tendrement; et, sans pouvoir parler, dans l’excès de leur joie, ils se regardèrent longtemps, en admirant comment ils se revoyaient après leur première entrevue, à laquelle ils ne pouvaient rien comprendre. La nourrice, qui était accourue avec la princesse, les fit entrer dans la chambre, où la princesse rendit la bague au prince. «Reprenez-la, lui dit-elle, je ne pourrais pas la retenir sans vous rendre la vôtre, que je veux garder toute ma vie; elles ne peuvent être l’une et l’autre en de meilleures mains». L’eunuque cependant était allé en diligence avertir le roi de Chine de ce qui venait de se passer. «Sire, lui dit-il, tous les astrologues, médecins et autres qui ont osé entreprendre de guérir la princesse jusqu’à présent, n’étaient que des ignorants. Ce dernier venu ne s’est servi ni de grimoire ni de conjurations d’esprits malins, ni de parfums, ni d’autres choses; il l’a guérie sans la voir». Il lui en raconta la manière, et le roi, agréablement surpris, vint aussitôt à l’appartement de la princesse, qu’il embrassa; il embrassa le prince de même, prit sa main, et, en la mettant dans celle de la princesse: «Heureux étranger, lui dit-il, qui que vous soyez, je tiens ma promesse et je vous donne ma fille pour épouse. A vous voir, néanmoins, il n’est pas possible que je me persuade que vous soyez ce que vous paraissez et ce que vous avez voulu me faire accroire». A suivre...
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