Algérie

Les mille et une nuits


Histoire des amours de Camaralzaman, prince de l’île des Enfants de Khaledan et de Badoure, princesse de Chine CLXXIVe nuit Ce ministre conduisit Camaralzaman devant le roi. Le prince ne l’eut pas plus tôt aperçu assis sur son trône qu’il se prosterna et baisa la terre devant lui. Le roi, qui, de tous ceux qu’une présomption démesurée avait fait apporter leurs têtes à ses pieds, n’en avait encore vu aucun digne qu’il arrêtât ses yeux sur lui, eut une véritable compassion de Camaralzaman, par rapport au danger auquel il s’exposait. Il lui fit aussi plus d’honneur; il voulut qu’il s’approchât, et s’assît près de lui: -Jeune homme, lui dit-il, j’ai de la peine à croire que vous ayez acquis, à votre âge, assez d’expérience pour oser entreprendre de guérir ma fille. Je voudrais que vous pussiez y réussir: je vous la donnerais en mariage, non seulement sans répugnance, mais même avec la plus grande joie du monde, au lieu que je l’aurais donnée avec bien du déplaisir à qui que ce fût de ceux qui sont venus avant vous. Mais je vous déclare, avec bien de la douleur, que, si vous y manquez, votre grande jeunesse, votre air de noblesse, ne m’empêcheront pas de vous faire couper le cou. -Sire, reprit le prince Camaralzaman, j’ai des grâces infinies à rendre à Votre Majesté de l’honneur qu’elle me fait et de tant de bontés qu’elle témoigne pour un inconnu. Je ne suis pas venu d’un pays si éloigné que son nom n’est peut-être pas connu dans vos États pour ne pas exécuter le dessein qui m’y a amené. Que ne dirait-on pas de ma légèreté, si j’abandonnais un dessein si généreux, après tant de fatigues et de dangers que j’ai essuyés? Votre Majesté elle-même ne perdrait-elle pas l’estime qu’elle a déjà conçue de ma personne? Si j’ai à mourir, sire, je mourrai avec la satisfaction de n’avoir pas perdu cette estime après l’avoir méritée. Je vous supplie donc de ne pas me laisser plus longtemps dans l’impatience de faire connaître la certitude de mon art, par l’expérience que je suis prêt à en donner». Le roi de Chine commanda à l’eunuque garde de la princesse Badoure, qui était présent, de mener le prince Camaralzaman chez la princesse sa fille. Avant de le laisser partir, il lui dit qu’il était encore à sa liberté de s’abstenir de son entreprise. Mais le prince ne l’écouta pas: il suivit l’eunuque avec une résolution ou plutôt avec une ardeur étonnante. L’eunuque conduisit le prince Camaralzaman; et, quand ils furent dans une longue galerie au bout de laquelle était l’appartement de la princesse, le prince, qui se vit si près de l’objet qui lui avait fait verser tant de larmes et pour lequel il n’avait cessé de soupirer depuis si longtemps, pressa le pas et devança l’eunuque. L’eunuque pressa le pas de même et eut de la peine à le rejoindre. «Où allez-vous donc si vite? lui dit-il en l’arrêtant par le bras. Vous ne pouvez pas entrer sans moi. Il faut que vous ayez une grande envie de mourir, pour courir si vite à la mort. Pas un de tant d’astrologues que j’ai vus et que j’ai amenés où vous n’arriverez que trop tôt n’a témoigné cet empressement.   A suivre...
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