Histoire des amours de Camaralzaman, prince de l’île des Enfants de Khaledan, et de Badoure, princesse de Chine
CLXXIIe nuit (Suite)
Le roi ne fit qu’embrasser Marzavan pour le remercier, sans s’informer du moyen dont il s’était servi pour faire un effet si surprenant; et il sortit aussitôt de la chambre du prince, avec le grand vizir, pour publier cette agréable nouvelle. Il ordonna des réjouissances de plusieurs jours; il fit des largesses à ses officiers et au peuple, des aumônes aux pauvres, et fit élargir tous les prisonniers. Tout retentit enfin de joie et d’allégresse dans la capitale et bientôt dans tous les États du roi Schahzaman.Le prince Camaralzaman, extrêmement affaibli par des veilles continuelles et par une longue abstinence presque de toute sorte d’aliments, eut bientôt recouvré sa première santé. Quand il sentit qu’elle était assez bien rétablie pour supporter la fatigue d’un voyage, il prit Marzavan en particulier:
«Cher Marzavan, lui dit-il, il est temps d’exécuter la promesse que vous m’avez faite. Dans l’impatience où je suis de voir la charmante princesse et de mettre fin aux tourments étranges qu’elle souffre pour l’amour de moi, je sens bien que je retomberais dans le même état où vous m’avez vu, si nous ne partions incessamment.
Une chose m’afflige et m’en fait craindre le retardement: c’est la tendresse importune du roi mon père, qui ne pourra jamais se résoudre à m’accorder la permission de m’éloigner de lui. Ce sera une désolation pour moi, si vous ne trouvez le moyen d’y remédier. Vous voyez vous-même qu’il ne me perd presque pas de vue. «Le prince ne put retenir ses larmes en achevant ces paroles.
«Prince, reprit Marzavan, j’ai déjà prévu le grand obstacle dont vous me parliez: c’est à moi de faire en sorte qu’il ne nous arrête pas. Le premier dessein de mon voyage a été de procurer à la princesse de Chine la délivrance de ses maux; et cela, pour toutes les raisons de l’amitié mutuelle dont nous nous aimons presque dès notre naissance, du zèle et de l’affection que je lui dois d’ailleurs. Je manquerais à mon devoir, si je n’en profitais pas pour sa consolation et en même temps pour la vôtre, et si je n’y employais toute l’adresse dont je suis capable. Voici donc ce que j’ai imaginé pour lever la difficulté d’obtenir la permission du roi votre père, telle que nous la souhaitons, vous et moi. Vous n’êtes pas encore sorti depuis mon arrivée; témoignez-lui que vous désirez prendre l’air, et demandez-lui la permission de faire une partie de chasse de deux ou trois jours avec moi: il n’y a pas d’apparence qu’il vous la refuse. Quand il vous l’aura accordée, vous donnerez ordre qu’on nous tienne à chacun deux bons chevaux prêts, l’un pour monter, et l’autre de relais; et laissez-moi faire le reste».
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A suivre...
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Posté Le : 21/10/2008
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com