Algérie

Les mille et une nuits



Histoire des amours de Camaralzaman, prince de l’île des Enfants de Khaledan, et de Badoure, princesse de la Chine CLXXIe nuit Le désir de posséder une belle princesse et l’espérance de gouverner un jour un royaume aussi puissant que celui de la Chine firent un grand effet sur l’esprit d’un émir déjà âgé, qui était présent au conseil. Comme il était habile dans la magie, il se flatta d’y réussir et s’offrit au roi. «J’y consens, reprit le roi; mais je veux bien vous avertir auparavant que c’est à condition de vous faire couper le cou si vous ne réussissez pas: il ne serait pas juste que vous méritassiez une si grande récompense sans risquer quelque chose de votre côté. Ce que je dis de vous, je le dis de tous les autres qui se présenteront après vous, au cas que vous n’acceptiez pas la condition ou que vous ne réussissiez pas». L’émir accepta la condition, et le roi le mena lui-même chez la princesse. La princesse se couvrit le visage dès qu’elle vit paraître l’émir. «Sire, dit-elle, Votre Majesté me surprend, de m’amener un homme que je ne connais pas et à qui la religion me défend de me laisser voir. -Ma fille, reprit le roi, sa présence ne doit pas vous scandaliser: c’est un de mes émirs, qui vous demande en mariage. -Sire, repartit la princesse, ce n’est pas celui que vous m’avez déjà donné et dont j’ai reçu la foi par la bague que je porte: ne trouvez vous pas mauvais que je n’en accepte pas un autre. «L’émir s’était attendu que la princesse ferait et dirait des extravagances. Il fut très étonné de la voir tranquille et parler de si bon sens; et il connut parfaitement qu’elle n’avait pas d’autre folie qu’un amour très violent, qui devait être bien fondé. Il n’osa pas prendre la liberté de s’en expliquer au roi. Le roi n’aurait pu souffrir que la princesse eût ainsi donné son cœur à un autre que celui qu’il voulait lui donner de sa main. Mais, en se prosternant à ses pieds: Sire, dit-il, après ce que je viens d’entendre, il serait inutile que j’entreprisse de guérir la princesse; je n’ai pas de remèdes propres à son mal, et ma vie est à la disposition de Votre Majesté. «Le roi, irrité de l’incapacité de l’émir et de la peine qu’il lui avait donnée, lui fit couper la tête. Quelques jours après, afin de n’avoir pas à se reprocher d’avoir rien négligé pour procurer la guérison à la princesse, ce monarque fit publier dans sa capitale que, s’il y avait quelque médecin, astrologue, magicien assez expérimenté pour la rétablir en son bon sens, il n’avait qu’à venir se présenter, à condition de perdre la tète s’il ne la guérissait pas. Il envoya publier la même chose dans les principales villes de ses Etats et dans les cours des princes ses voisins. Le premier qui se présenta fut un astrologue et magicien, que le roi fit conduire à la prison de la princesse par un eunuque. L’astrologue tira d’un sac, qu’il avait apporté sous le bras, un astrolabe, une petite sphère, un réchaud, plusieurs sortes de drogues propres à des fumigations, un vase de cuivre, avec plusieurs autres choses, et demanda du feu. La princesse de Chine demanda ce que signifiait tout cet appareil. «Princesse, répondit l’eunuque, c’est pour conjurer le malin esprit qui vous possède, le renfermer dans le vase que vous voyez et le jeter au fond de la mer.   A suivre...


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