Algérie

Les mille et une nuits


Réponse du prince de Perse à Schemselnihar CLXVe nuit La confidente, après avoir écouté le joaillier avec beaucoup de satisfaction, le pria de pardonner la mauvaise opinion qu’elle avait conçue de lui au zèle qu’elle avait pour les intérêts de sa maîtresse. «J’ai une joie infinie, ajouta-t-elle, de ce que Schemselnihar et le prince retrouvent en vous un homme si propre à remplir la place d’Ebn Thaher. Je ne manquerai pas de bien faire valoir à ma maîtresse la bonne volonté que vous avez pour elle.» Après que la confidente eut marqué au joaillier la joie qu’elle avait de le voir si disposé à rendre service à Schemselnihar et au prince de Perse, le joaillier tira la lettre de son sein et la lui rendit, en disant: «Tenez, portez-la promptement au prince de Perse et repassez par ici, afin que je voie la réponse qu’il y fera. N’oubliez pas de lui rendre compte de notre entretien.» La confidente prit la lettre et la porta au prince, qui y fit une réponse sur-le-champ. Elle retourna chez le joaillier lui montrer la réponse, qui contenait ces paroles: Votre précieuse lettre produit en moi un grand effet; mais pas si grand que je le souhaiterais. Vous tâchez de me consoler de la perte d’Ebn Thaher. Hélas! quelque sensible que j’y sois, ce n’est que la moindre partie des maux que je souffre. Vous les connaissez, ces maux, et vous savez qu’il n’y a que votre présence qui soit capable de les guérir. Quand viendra le temps où j’en pourrai jouir sans crainte d’en être privé? Qu’il me paraît éloigné ! ou plutôt, faut-il nous flatter que nous le pourrons voir? Vous me commandez de me conserver: je vous obéirai, puisque j’ai renoncé à ma propre volonté pour ne suivre que la vôtre. Adieu. Après que le joaillier eut lu cette lettre, il la donna à la confidente, qui lui dit, en le quittant: «Je vais, seigneur, faire en sorte que ma maîtresse ait la même confiance en vous qu’elle avait pour Ebn Thaher. Vous aurez demain de mes nouvelles.» En effet, le jour suivant, il la vit arriver avec un air qui marquait combien elle était satisfaite. «Votre seule vue, lui dit-il, me fait connaître que vous avez mis l’esprit de Schemselnihar dans la disposition que vous souhaitiez. -Il est vrai, répondit la confidente, et vous allez apprendre de quelle manière j’en suis venue à bout. Je trouvai hier, poursuivit-elle, Schemselnihar qui m’attendait avec impatience; je lui remis la lettre du prince; elle la lut, les larmes aux yeux; et, quand elle eut achevé, comme je vis qu’elle allait s’abandonner à ses chagrins ordinaires: «Madame, lui dis-je, c’est sans doute l’éloignement d’Ebn Thaher qui vous afflige; mais permettez-moi de vous conjurer, au nom de Dieu, de ne point vous alarmer davantage sur ce sujet. Nous avons trouvé un autre lui-même, qui s’offre à vous obliger avec autant de zèle, et, ce qui est le plus important, avec plus de courage. «Alors, je lui parlai de vous, continua l’esclave, et lui racontai le motif qui vous avait fait aller chez le prince de Perse. Enfin, je l’assurai que vous garderiez inviolablement le secret au prince de Perse et à elle, et que vous étiez dans la résolution de favoriser leurs amours de tout votre pouvoir. Elle me parut fort consolée après mon discours.» A suivre...
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