Algérie

Les mille et une nuits



Histoire d’Aboulhassan Ali Ebn Becar et de Schemselnihar, favorite du calife Haroun Al-Raschid CLIXe nuit (Suite) Ebn Thaher, qui ne faisait que d’arriver de chez le prince de Perse, ne jugea point à propos d’y retourner sitôt et de négliger des affaires importantes qui lui étaient survenues en rentrant de chez lui; il y alla seulement sur la fin du jour. Le prince était seul et ne se portait pas mieux que le matin. «Ebn Thaher, lui dit-il en le voyant paraître, vous avez sans doute beaucoup d’amis; mais ces amis ne connaissent pas ce que vous valez, comme vous me le faites connaître par votre zèle, par vos soins et par les peines que vous vous donnez lorsqu’il s’agit de les obliger. Je suis confus de tout ce que vous faites pour moi avec tant d’affection, et je ne sais comment je pourrai m’acquitter envers vous. -Prince, lui répondit Ebn Thaher, laissons là ce discours, je vous en supplie: je suis prêt non seulement à donner un de mes yeux pour vous en conserver un, mais même à sacrifier ma vie pour la vôtre. Ce n’est pas de quoi il s’agit présentement. Je viens vous dire que Schemselnihar m’a envoyé sa confidente pour me demander de vos nouvelles, et en même temps pour m’informer des siennes. Vous jugez bien que je ne lui ai rien dit qui ne lui ait confirmé l’excès de votre amour pour sa maîtresse et la constance avec laquelle vous l’aimez. « Ebn Thaher lui fit ensuite un détail exact de tout ce que lui avait dit l’esclave confidente. Le prince l’écouta avec tous les différents mouvements de crainte, de jalousie de tendresse et de compassion que son discours lui inspira, faisant sur chaque chose qu’il entendait toutes les réflexions affligeantes ou consolantes dont un amant aussi passionné qu’il l’était pouvait être capable. Leur conversation dura si longtemps que, la nuit se trouvant fort avancée, le prince de Perse obligea Ebn Thaher à demeurer chez lui. Le lendemain matin, comme ce fidèle ami s’en retournait au logis, il vit venir à lui une femme qu’il reconnut pour la confidente de Schemselnihar, et qui, l’ayant abordé, lui dit: «Ma maîtresse vous salue, et je viens vous prier, de sa part, de rendre cette lettre au prince de Perse.» Le zélé Ebn Thaher prit la lettre, et retourna chez le prince accompagné de l’esclave confidente. Quand il fut entré chez le prince de Perse avec la confidente de Schemselnihar, il la pria de demeurer un moment dans l’antichambre et de l’attendre. Dès que le prince l’aperçut, il lui demanda avec empressement quelle nouvelle il avait à lui annoncer. « La meilleure que vous puissiez apprendre, lui répondit Ebn Thaher: on vous aime aussi chèrement que vous aimez. La confidente de Schemselnihar est dans votre antichambre; elle vous apporte une lettre de la part de sa maîtresse; elle n’attend que vos ordres pour entrer. -Qu’elle entre!» s’écria le prince avec un transport de joie. En disant cela, il se mit sur son séant pour la recevoir. A suivre...


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