Algérie

Les mille et une nuits



Histoire d’Aboulhassan Ali Ebn Becar et de Schemselnihar, favorite du calife Haroun Al-Raschid CLIXe nuit Nous fûmes encore longtemps à la faire revenir, mes compagnes et moi. Elle revint enfin; alors je lui dis: «Madame, êtes-vous donc résolue à vous laisser mourir et à nous faire mourir nous-mêmes avec vous? Je vous supplie, au nom du prince de Perse, pour qui vous avez intérêt de vivre, de vouloir conserver vos jours. De grâce, laissez-vous persuader et faites les efforts que vous vous devez à vous-même, à l’amour du prince et à notre attachement pour vous. -Je vous suis bien obligée, reprit-elle, de vos soins, de votre zèle et de vos conseils. Mais, hélas! peuvent-ils m’être utiles? Il ne nous est pas permis de nous flatter de quelque espérance, et ce n’est que dans le tombeau que nous devons attendre la fin de nos tourments». Une de mes compagnes voulut la détourner de ses tristes pensées, en chantant un air sur son luth; mais elle lui imposa silence et lui ordonna, comme à toutes les autres, de se retirer. Elle ne retint que moi pour passer la nuit avec elle. Quelle nuit, ô ciel! Elle la passa dans les pleurs et dans les gémissements; et, nommant sans cesse le prince de Perse, elle se plaignait du sort qui l’avait destinée au calife, qu’elle ne pouvait aimer, et non pas à lui, qu’elle aimait éperdument. Le lendemain, comme elle n’était pas commodément dans le salon, je l’aidai à passer dans son appartement, où elle ne fut pas plus tôt arrivée que tous les médecins du palais vinrent la voir par ordre du calife; et ce prince ne fut pas longtemps sans venir lui-même. Les remèdes que les médecins ordonnèrent à Schemselnihar firent d’autant moins d’effet qu’on ignorait la cause de son mal; et la contrainte où la mettait la présence du calife ne faisait que l’augmenter. Elle a pourtant un peu reposé cette nuit; et dès qu’elle a été éveillée, elle m’a chargée de vous venir trouver pour apprendre des nouvelles du prince de Perse. -Je vous ai déjà informée de l’état où il est, lui dit Ebn Thaher; ainsi, retournez vers votre maîtresse et l’assurez que le prince de Perse attendait de ses nouvelles avec la même impatience qu’elle en attendait de lui. Exhortez-la surtout à se modérer et à se vaincre, de peur qu’il ne lui échappe devant le calife quelque parole qui pourrait nous perdre avec elle. -Pour moi, reprit la confidente, je vous l’avoue, je crains tout de ses transports. J’ai pris la liberté de lui dire ce que je pensais là-dessus, et je suis persuadée qu’elle ne trouvera pas mauvais que je lui parle encore de votre part».   A suivre...


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