Surprenant Mali. Alors que beaucoup s'attendaient au pire et doutaient du caractère aventureux des jeunes colonels, voilà qu'une certaine détente semble prendre le dessus sur les pronostics d'une impasse politique, voire le chaos dans un pays dévasté par l'insécurité et les menées meurtrières des terroristes islamistes.Les quinze membres de la Communauté économique des pays de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao), pris de court par le coup d'Etat, accourent pour tirer du pétrin le Président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), homme malade et usé par l'imbroglio pouvoir-opposition-insécurité. A leur tête l'ancien Président nigérian, les membres de la Cedeao débarquent dès samedi au Mali. Et avec une patience dont seuls les Africains ont le secret, ils sont cordialement reçus par les auteurs du coup d'Etat qui les convient à des pourparlers ces samedi et dimanche. C'était, sans doute, l'émotion des premiers jours passée, l'occasion pour eux de jauger des intentions des jeunes colonels maliens. Ils rendront visite à IBK et ses principaux collaborateurs et constateront de visu leurs conditions de détention dont ne se plaindront pas les intéressés. Ils seront sans doute édifiés à la suite de leurs discussions avec IBK. Ce dernier, d'emblée, les surprendra. Il n'a pas l'intention de revenir aux affaires et il leur dit clairement, une manière de jeter aux oubliettes leur revendication première ? son retour ? eux qui ont soutenu au plus fort moment des affrontements avec l'opposition son maintien à son poste à la tête de l'Etat. Cela, il le fait savoir, à la télévision publique, dès la nuit du 18 août. Il le réitère de nouveau ce dimanche : «Je ne retournerai pas aux affaires, même pas pour une seconde. Toutefois, je vous suis reconnaissant, je vous remercie», rapportent les médias locaux. Et d'ajouter que «nul ne fasse violence sur le peuple malien afin de satisfaire des ambitions autres que les actes clairement posés par mes soins». Il s'inscrit donc en faux par rapport aux démarches de justiciers de la Cedeao qui, rapidement, voulaient imposer des sanctions économiques au Mali. Cette décision n'était ni du goût du Président déchu ni de nombre de personnalités maliennes, y compris parmi ceux de l'opposition. L'iman Ahmad Sacko l'a fait savoir, en même temps qu'il déclarait souhaiter tout le bien au peuple malien et annonçait qu'il se retirait de la politique. Dans le même temps, il ne nourrissait pas de défiance particulière aux putschistes lesquels semblent plutôt disposés au retour à la vie normale et accepter de débattre avec le Mouvement du 5 juin - Rassemblement des forces patriotiques. Rentré ? il n'en est jamais sorti ? du giron de la Cedeao, le Mali s'apprête à ouvrir une nouvelle page sous la houlette des colonels. La dynamique que veulent introduire ces derniers s'appelle transition politique. En effet, à la délégation de la Cedeao, ils annoncent leur plan de sortie de crise par une période de transition de trois ans, présidée par un militaire chef de l'Etat et un gouvernement à majorité militaire. Goodluck Jonathan et la délégation qui l'accompagne prennent acte de la volonté de leur vis-à-vis et disent vouloir rechercher une solution collective. Assimi Goïta et ses amis sont appelés à s'atteler à un chantier fait de nombreux défis, eux qui veulent sauver le Mali de l'effondrement et lui injecter du sang nouveau.
Brahim Taouchichet
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Posté Le : 25/08/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Brahim Taouchichet
Source : www.lesoirdalgerie.com