Moins de dix jours après l'accord d'entente sur un cessez-le-feu, différentes milices semblent se livrer d'ores et déjà une lutte acharnée pour le pouvoir, prenant en otage une population éreintée par près de dix ans de conflit.La contestation populaire en Libye prend de l'ampleur, avec des manifestations antigouvernementales qui se sont étendues mercredi et jeudi à d'autres villes du pays, comme à Misrata et à Zawiya (Ouest), à Sebha (Sud) ou encore à Barqa (Est), selon des médias libyens. À Tripoli, où des hommes armés ont tiré mercredi à balles réelles sur la foule, faisant plusieurs blessés, les craintes d'une guerre de tranchées entre les différentes milices combattant jusqu'ici auprès du GNA contre l'Armée nationale libyenne (ANL) de Khalifa Haftar se font de plus en plus ressentir. La presse libyenne a évoqué hier une lutte pour le pouvoir entre des milices affiliées au général Haftar et des groupes armés de la confrérie des frères musulmans, moins de dix jours après un accord de cessez-le-feu entre le Gouvernement de Tripoli et le Parlement de Tobrouk, basé à l'est du pays. Dans un communiqué, jeudi, le gouvernement de Tripoli a averti contre l'usage de la violence par des groupes armés contre les populations.
"Le ministère de l'Intérieur met en garde ces groupes armés s'ils tentent de porter atteinte à la vie des manifestants, de les intimider ou de les priver de leur liberté", a indiqué le ministre de l'Intérieur du GNA, Fathi Bachagha, se disant prêt "à recourir à la force pour protéger les civils". Bien que les manifestations soient encadrées par les forces de l'ordre, des hommes armés ont ouvert le feu sur des "manifestants pacifiques mercredi soir (...), tirant à balles réelles au hasard", a indiqué M. Bachagha. Ils ont "enlevé et séquestré" plusieurs manifestants, "semant la panique", a-t-il ajouté. L'ONG Amnesty International a confirmé qu'au moins six manifestants ont été enlevés par des hommes armés dimanche. "Ces groupes (armés) sont connus ainsi que les organes officiels dont ils dépendent", a affirmé M. Bachagha. Le groupe armé qui a semé la terreur à Tripoli, mercredi, fait partie, selon des médias libyens, de milices qui composent les forces liguées contre l'armée de Haftar.
Ces dernières sont théoriquement placées sous l'autorité du ministère de l'Intérieur du GNA, reconnu par les Nations unies. Mais elles jouissent en réalité d'une grande autonomie, exerçant parfois un chantage continu sur le gouvernement qui dépend d'elles pour assurer sa sécurité, d'après d'autres médias. Hier, les Forces de protection de Tripoli ont accusé les milices roulant pour Haftar, d'une part, et des milices affiliées, d'autre part, à la confrérie des frères musulmans de manipuler la contestation populaire pour des objectifs politiques. Dans un communiqué repris par la presse libyenne, les Forces de protection de Tripoli affiliées au Conseil présidentiel se sont dit "prêtes à assumer leur responsabilité de défendre la population libyenne et les institutions du pays contre ces milices rebelles". Elles ont appelé en outre le GNA à répondre aux revendications légitimes des populations.
Karim Benamar
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Posté Le : 29/08/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Karim BENAMAR
Source : www.liberte-algerie.com