«Les milices du RCD veulent instaurer le chaos»

- La Tunisie a renoué, ces dernières 48 heures, avec la répression policière. Des affrontements violents entre manifestants et forces de police ont eu lieu dans plusieurs régions du pays. Le gouvernement a décrété de suite le couvre-feu dans les districts du Grand-Tunis sous prétexte de maintenir l'ordre. Le communiqué du gouvernement ne parle pas de «manifestations» mais de «vols», de «pillages» et de «manipulation». Est-ce le grand retour des pratiques de l'ancien régime '
On est toujours en présence d'un gouvernement qui privilégie la méthode répressive et développe un discours autoritaire qui dénie au peuple le droit de manifester pacifiquement. Le gouvernement provisoire entretient sciemment l'amalgame et la confusion entre les actes de pillage et de violence et les manifestations politiques. On s'achemine vers des simulacres de procès des personnes interpellées lors des dernières manifestations dans le but de discréditer l'action politique. Alors qu'en réalité, les actes de pillage et de violence observés sont commandités par la police politique, les milices de l'ancien et de l'actuel régime. La police politique, contrairement à  ce qui a été annoncé, n'a pas été dissoute : elle est toujours active et refuse d'abandonner son pouvoir ou de camper le rôle d'une institution républicaine qui défend les intérêt du pays. Et quand l'ancien ministre de l'Intérieur Farhat Rajhi parle d'un «gouvernement de l'ombre», je partage amplement ce point de vue : il existe un gouvernement parallèle, un «cabinet de l'ombre» qui prend les décisions en lieu et place du gouvernement provisoire. Je ne crois pas que Béji Caïd Essebsi (Premier ministre provisoire) est dépositaire d'un quelconque pouvoir ni Foued Mebazaa (Président par intérim). Ils ne sont en réalité que des instruments aux mains de puissants groupes d'intérêt nationaux et étrangers qui ne veulent pas de l'avènement d'une véritable d'une démocratie en Tunisie.
- Les milices du RCD seraient donc derrière les scènes de violence et de pillage et la chasse aux manifestants que connaît la Tunisie '
Oui, bien sûr. Les milices du RCD exploitent la misère sociale de beaucoup de Tunisiens. Pour mettre le pays à  feu et à  sang, instaurer le chaos, elles n'hésitent pas à  faire appel aux criminels, aux nervis. Même l'allocation chômage a été détournée à  cette fin. Hier (dimanche), le commissariat d'El Mourouj a été incendié. Est-ce le fait de militants politiques ' Je ne le crois pas. La lutte des Tunisiens pour la liberté, la justice et la démocratie est d'essence pacifique.