Algérie

Les microplastiques, une pollution invisible


Les microplastiques, une pollution invisible
Le Hainez, voilier de 17 mètres de l'expédition scientifique Méditerranée en danger (MED), qui a longé depuis le 1er août les côtes algériennes à la recherche des microplastiques, a quitté l'Algérie et Annaba le 11 août en début de soirée pour rejoindre le port tunisien de Bizerte, avant d'aller mouiller dans les eaux maltaises.Les sept scientifiques du Hainez, coordonnés par Bruno Dumontet et, pour la partie algérienne, Emir Berkane du laboratoire de recherche Ecostaq de Mme Zihad Bouslama de l'université de Annaba, ont donné lundi des conférences au Centre de loisirs scientifiques (CLS) sur les microplastiques et les dangers présents mais surtout à venir, qui menacent la Méditerranée, sa flore, sa faune et, par voie de conséquence, ceux qui s'en nourrissent.Les plastiques rejetés en mer proviennent à 80% du continent, déversés directement ou charriés par les cours d'eau. Les 20% restants le sont par les professionnels de la mer. Les microplastiques sont les fragments d'objets en plastique de l'ordre de 100 000 µ à 500 000 µ (1/2 millimètre) qui se sont détériorés et désagrégés dans l'eau de mer.Les chiffres et les photos montrés lors des exposés sont édifiants. Il y aurait 250 milliards de microplastiques qui flottent en Méditerranée dans les premiers 10 cm à 15 cm de la surface de l'eau et on ne se sait pas ce qui passe dans les couches sous-jacentes. 90% des prélèvements effectués dans le bassin occidental de la Mare Nostrum ont montré la présence de ces microdéchets. Une moyenne de 115 000 microdéchets par kilomètre carré a pu être établie, ce qui, par extrapolation, a donné 500 tonnes de particules d'un poids moyen de 1,8 mg.La situation est très préoccupante en raison de cette pollution invisible que Bruno Dumontet qualifie de «véritable bombe à retardement» dans la conférence qu'il a donnée devant une assistance composée de jeunes chercheurs et scientifiques d'ONG du secteur et des professionnels de la pêche et du secteur de l'environnement.Toute la Méditerranée est au même niveau ; les rives sud du bassin occidental explorées cette année n'on rien à envier aux côtes de l'Europe, a encore indiqué l'orateur. Il cite pour l'exemple des travaux universitaires en halieutique réalisés à Béjaïa qui ont montré qu'un pêcheur ramène dans ses filets 40% de déchets et 60% de poisson. L'alerte est donnée. Mais «cela ne suffit pas», dit le docteur Emir Berkane qui souligne l'importance d'une prise de conscience face à cette menace.Le second objectif de l'expédition MED 2014 est la sensibilisation du public, surtout jeune. Il ne sert à rien, en effet, d'accumuler de la connaissance sans agir et souvent sans attendre les politiques. 500 enfants ont pu visiter le Hainez et s'informer sur le travail des chercheurs lors des escales à Oran, Alger, Béjaïa et Skikda. L'équipage envisage d'ores et déjà une autre expédition, l'année prochaine, mieux préparée, pour faire des prélèvements d'échantillons.


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