Algérie

Les micmacs et le tac au tac



La visite d'inspection de la Ligue arabe en Syrie s'apparente à un micmac, puisque le régime syrien est en train de jouer au chat et à la souris.

Cette mission de contrôle a été hâtivement désignée après neuf mois de répression et d'assassinats de milliers d'hommes, de femmes et enfants, au vu et au su des peuples arabes révulsés par tant d'horreurs, ainsi que les multiples esquives d'un régime aux abois, puisqu'en fin de cycle, et donc n'hésiterait nullement à accomplir jusqu'au bout ses ténébreux objectifs, dont le principal serait de faire banaliser ce qui est en train de se dérouler en Syrie, pour au moins un certain temps, d'autant plus que l'année 2012 s'annonce houleuse en termes d'enjeux économiques, financiers, sociaux et politiques, dont les élections présidentielles en France, aux USA, en Russie… Le temps, c'est une lame à double tranchant !

Selon le secrétaire général de la Ligue arabe, la mission de bons offices auprès des acteurs de la crise en Syrie se termine à la fin de cette semaine dans la confusion et les tirs d'armes automatiques, confirmant les thèses machiavéliques du régime syrien arguant qu'il existe des groupes armés parmi les manifestants. En vain, puisque l'inspection de l'Histoire a d'ores et déjà proclamé ses arrêts. En toute tranquillité et dans la clarté des faits.

Pourtant, certains gouvernants, à l'exemple de la Russie (rapidement satisfaite du travail de la mission d'inspection) et la Chine, ainsi que ceux de quelques pays arabes, se sentant arnaqués dans l'affaire de la Libye(1), continuent de soutenir le régime syrien, au mépris du bon sens, d'autant plus qu'ils croient fermement que ce pouvoir, bâti autour de la force répressive, possède des moyens lui permettant de venir à bout de la volonté tenace d'une importante proportion du peuple syrien.

Bien que le régime syrien sache pertinemment que le peuple syrien ne sera jamais comme avant, il persévère dans son inconduite et il donne l'impression de maîtriser la situation, notamment par le biais de commentaires télécommandés, dont les chaînes télévisuelles publiques montrant des grandes taches de sang à l'intention de la population, conditionnée à vivre dans la tranquillité mensongère, voire imposée, qui s'est donc retrouvée face à une autre mise en scène médiatique terrorisante, en image et en musique, extraite du film d'horreur «Psychose», réalisé en 1960 par le célèbre metteur en scène Alfred Hitchcock (1899-1980 ). Ainsi, à l'image de toutes les dictatures, le régime syrien fait du n'importe quoi !

A l'évidence, les adeptes du Baath basculent dans le ridicule et l'enfantillage(2). Bien que ce régime soit effectivement en fin de parcours, comme expliqué précédemment, en tant que système de gouvernance détecté et détesté par l'Histoire, il persévère à faire des combines immatures et des actes aléatoires afin de se refaire une seconde… vie plus terrifiante, puisqu'il est façonné de cette manière et qu'il lui est impossible de se réformer, encore moins de rectifier son comportement. C'est plus fort que lui, et c'est ça justement l'instinct de conservation de la hargne dictatoriale. Un mal terrible ! Néanmoins, le jeune président syrien pourrait guérir la cécité de ses clans, s'il se décide à opérer des changements profonds de type chirurgical en plein milieu des groupes politico-militaires du Baath, obsédés pour conserver leurs privilèges. Dans le cas où il oserait cette démarche, l'Histoire serait à ses côtés. Et en cas de ratage de l'acte salvateur, elle le sera davantage. Donc, dans les deux cas, il serait loué.

En attendant cette possibilité, une semaine avant la visite de ladite délégation d'investigations, un haut responsable du gouvernement syrien a répondu en souriant à un journaliste baathiste, lui demandant quelles mesures de sécurité ont été prises afin de protéger les envoyés de la Ligue arabe dans les termes suivants : «Avant qu'ils viennent, ils devraient apprendre à nager… ! » C'est ça le style du langage «diplomatique» et allusif, voire narquois des adeptes du Baath.

En outre, il est fort possible que l'Iran, qui aspire à se hisser au rang d'une puissance régionale, menace, avec des idées derrière la tête, de perturber la navigation dans le détroit d'Ormuz, par où transite plus d'un tiers du pétrole mondial. Un double coup de poker. D'abord, pour son affaire nucléaire. Ensuite, une carte en plus au profit du régime syrien conforté, pense-t-il à tort, nous semble-t-il, dans sa position d'enfant gâté du point de vue équilibre des enjeux géostratégiques d'une région embrouillée à plus d'un titre.

En vérité, ce micmac n'est qu'un report de l'échéance de son implosion, inévitable et irréversible, puisqu'elle s'inscrit dans le mouvement de l'Histoire ainsi que de celui de la volonté d'une forte proportion du peuple syrien, décidé à aller jusqu'au bout de cette épopée fantastique. Cependant, il lui reste beaucoup à faire afin d'arriver à bout d'un régime tenace, pour ensuite progresser dans la voie de la clarté.

En attendant, comment peuton faire confiance à un régime masqué qui tue les gens en catimini ? Les leçons de l'Histoire nous ont appris que rien ne se cache aux peuples, rien ne se perd, tout se transforme au profit des révolutions et que tout serait dévoilé et dénoué à l'avantage de la jeunesse, notamment celle brimée par la dictature qui résulte d'un complexe profond du mal-aimé à la recherche perpétuelle de l'amour. Ce genre de formule, ci-dessus décrite, s'inspire de la Loi sur la matière (rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme) énoncée par le savant Lavoisier, un grand chimiste et noble fermier général, guillotiné en 1794 par la folie dictatoriale. Du point de vue politique, cette loi concerne les régimes arabes et particulièrement celui syrien, synthétisant l'ensemble des comportements et combines de ses semblables visant à se pérenniser dans leur position, à l'image du propriétaire d'une ferme agricole de type féodal où le servage est de rigueur, permettant la succession du pouvoir.

Au vu du cours rapide des événements ainsi que de celui de l'évolution du monde, la deuxième décade de ce 3e millénaire serait celle de l'implosion de toutes les mystifications, y compris de la religiosité étroite, clanique, intercommunautaire et combinarde, puisqu'elles vont rapidement atteindre le seuil d'incompétence du simple fait que les leçons de l'Histoire nous ont appris que rien n'est statique en termes d'exploitation et de violation des droits et de la foi des gens. L'année 2012 serait-elle décisive dans ce sens ?

Quoi qu'il en soit, rien ne sera comme avant. Et désormais, rien ne se dissimule par les temps actuels. En effet, le peuple syrien, à titre d'exemple, endure le calvaire durant toute l'année 2011 et peut-être les prochains mois : donc, ses martyrs de la liberté ne nécessitent nullement d'être vérifiés. En tout cas, personne ne pourrait masquer la vérité, encore moins brimer la liberté, lesquelles abhorrent tous les micmacs.

A propos des micmacs, illustrant l'actualité chez nous, un parti de la coalition présidentielle a quitté, en début de semaine, les rangs de cette «entente politique», tout en assurant qu'il soutiendra toujours le programme des réformes initiées par le président de la République. Allez comprendre quelque chose à ce micmac politicien. En effet, pour quelle raison n'avait-il pas osé, dans le passé, le faire, avec du panache de surcroît ? En vérité, il se retrouve charmé par la percée fulgurante des partis islamistes dans le monde arabe, notamment au Maghreb. Cependant, en Algérie, les choses ont énormément changé.

D'ailleurs, ne dit-on pas à ce sujet : «Qui va à la chasse perd sa place !» A plus forte raison lorsqu'il y a d'autres partis similaires aux aguets qui convoitent la place. En politique, lorsqu'on fait du micmac et des zigzags, il faut s'attendre un jour ou l'autre à ce que les auteurs et ses acteurs payent le prix fort. Inévitablement !

Enfin, nous concluons par cette information, survenue la veille de l'année 2012, qui nous a donné un coup au cÅ“ur, la nouvelle du décès du camarade Abdou Benziane, l'un des piliers du Hodna et du monde des médias, disparu à l'âge de 66 ans. Prions intensément, avec toute sa famille, pour que le Seigneur des deux Mondes daigne l'accueillir en Son Vaste Paradis. Repose, l'artiste, au cimetière de Sidi Yahia, qui veut dire : il revivra ! En nos cÅ“urs et nos commentaires, bien sûr !

Notes :

1- La veille de l'année 2012, un jeune Libyen avec sa guitare chantait, en direct de la chaîne El-Djazirah, un hymne à l'honneur de la révolution ainsi qu'à la liberté en Libye et chez quelques pays arabes. Des coups de tonnerre ont précédé une forte averse (un des symboles de la liberté) et ont accompagné sa chanson. Toute une harmonie musicale indescriptible. Cependant, le peuple libyen reste encore à la merci des aléas et sous tension de la révolution A propos des révolutions dans le monde arabe durant l'année 2011, elles marqueront d'une empreinte indélébile, pour des siècles et des siècles, l'Histoire du Monde.

2- Quel enfantillage ! Depuis une semaine, les services du régime syrien n'ont pas cessé de brouiller les informations de quelques chaînes arabes dénudant les frusques et frasques du Baath, de plus en plus hébété et embrouillé, qui nécessite incontestablement une inspection du comportement psychique, qui s'apparente à celui d'un complexe du culte de la personnalité. A ce propos, au début de la révolution, la télévision du régime syrien a montré des hommes se prosterner devant la photo (en guise de tapis de prière) de Bachar. Les partis, l'unicité de pensée et de destin ont fait trop de mal aux gens qui tractent derrière eux cette sujétion mentale étouffante. Une terrible époque que seule la Démocratie pourrait effacer de nos mémoires.




Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)