Algérie

Les messages de l'abstention électorale


Les messages de l'abstention électorale
Photo : Riad
Par Amirouche Yazid
Que peut signifier le taux élevé d'abstention enregistré lors des élections législatives du 10 mai 2012 ' Le thème a été abordé, hier, au cours d'un débat organisé par le centre Amel El Ouma pour les études stratégiques. Petite curiosité ou erreur stratégique, le directeur du centre, M. Smaïl Hariti, a convié un économiste pour une lecture politique du processus électoral. Bachir Massaitfa, c'est de lui qu'il s'agit, est revenu sur l'événement en soutenant que «l'opération électorale se résume à l'annonce des résultats». Avant le jour du vote, les choses, dira-t-il, n'auguraient rien de positif. Le conférencier n'a pas cherché des circonstances atténuantes pour la classe politique du pays. Il s'est référé aux programmes qui ont été présentés, à l'occasion du scrutin, par les formations politiques ayant pris part à cette compétition électorale. M. Massaitfa en a retiré 200 propositions. «Mais elles ne sont ni convaincantes, ni réalistes», fait savoir l'économiste. Ce dernier ajoute, au sujet de l'abstention, qu'elle a fortement profité au parti qui a un grand ancrage dans la société, à savoir le FLN. Le conférencier avertit cependant sur ce que peut signifier l'abstention de cette consultation qui a vu une forte mobilisation pour «une participation massive». Il estime que «cette majorité silencieuse est une véritable bombe à retardement, composée de 14 millions d'Algériens âgés pour la plupart de moins de 40 ans». Il relève aussi que «cette majorité est en attente de son instant historique et d'un encadrement des colères», et «qu'elle est prête pour intégrer tous les extrémismes». Pour Smaïl Hariti, les Algériens ont adressé des messages forts en tournant le dos aux élections législatives. Les Algériens veulent signifier, à travers l'abstention, qu'«ils sont pour un changement réel et radical du régime et qu'il ne peut pas y avoir une exception algérienne dans ce qui se passe dans la monde arabe». Hariti note, par ailleurs, que le refus est également signifié aux partis politiques. «Le peuple a divorcé aussi avec les partis politiques, qui ne sont que l'autre face du système, aussi bien en matière de pratiques que des fausses promesses qu'ils tiennent au détriment des valeurs, des principes et de la compétence». L'intervenant conclut en soutenant que le régime algérien est en train de commettre les mêmes erreurs que celles commises par Hosni Moubarak et Ben Ali. Les deux dictateurs ont payé cher, dira-t-il, «l'écart qui séparait leur système des peuples». Zoubir Arous, universitaire et chercheur au Cread, a indiqué que ceux qui se sont abstenus connaissent bien l'histoire des élections en Algérie. Pour lui, «les élections ont toujours été un moyen pour la continuité et pas pour le changement».


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