Après des débuts hésitants aux siècles écoulés, la poésie féminine algérienne - d’expression arabe autant que de graphie française - est en train de s’imposer aujourd’hui sur le plan international où elle est de plus en plus traduite. Ses axes d’expression continuent de porter inévitablement sur des thèmes cruciaux de l’histoire de l’Algérie moderne, tels: d’une part, la lutte contre la colonisation, l’émancipation et l’affirmation de la personnalité algérienne et, d’autre part, la révolte contre l’héritage archaïque patriarcal et tribal.
En effet, liée dès sa naissance à un espace civilisationnel maghrébin et imprimée par conséquent d’une essence arabo-musulmane chargée d’effluves amazighs, où les symboles culturels sont tangibles et omniprésents, elle a pu transcender, tout au long de son interminable et laborieux parcours, nombre de tabous et conditionnements idéologiques. Tout en célébrant ses sources intimes et ses références patrimoniales, elle s’est enrichie notamment de l’expérience des écritures féminines dans la sphère arabo-musulmane mais a puisé sensiblement dans le fonds méditerranéen et celui du monde moderne en général. A l’instar du reste des mouvements littéraires algériens - dont elle ne se dissocie guère – elle a évolué contre vents et marées dans une trajectoire intégratrice de la modernité.
Ainsi, au cours de son histoire, l’Algérie a connu une pléiade de poétesses, profondément imprégnées des maux qui érodent la société, quêtant inlassablement un nouvel espace d’expression, délivré des discours surannés et libéré des carcans du passé et de ses normes sclérosantes.
14 Résumés des communications
D’ailleurs, la nouvelle génération de femmes poètes ou encore les jeunes plumes montantes de la littérature dite de l’urgence ont non seulement contribué à l’émancipation concrète de la femme - particulièrement dans un milieu qui favorise très peu l’évolution de la gent féminine - mais elles ont amorcé (avec leurs vers pleins d’amour et d’amertume) une nouvelle donnée dans l’écriture poétique féminine qui se distingue par ses innovations au niveau du style, des formes, du contenu et d’une esthétique en général attachée organiquement au quotidien et au vécu social.
Cette passionaria du lyrisme se pose de la sorte comme alternative inéluctable au silence appliqué à une existence et une pratique poétique, et signe (en dépit d’une misogynie certaine du monde masculin de la littérature) une ode à la poésie féminine. Un genre qui évolue de mieux en mieux dans une perspective culturelle rassembleuse et féconde de l’algérianité.
Cependant, il ne s’agit ici que d’un regard furtif sur cette poésie féminine algérienne, qui - s’il peut donner une idée de la richesse de ce genre littéraire dont l’essor ne peut être réduit aux seules circonstances même s’il en est souvent le produit - n’a aucune prétention à l’exhaustivité, non seulement à cause de l’étendue de ce domaine bien riche mais encore à cause d’une certaine subjectivité qui nous a fait retenir certaines poétesses, certaines oeuvres et en passer d’autres sous silence.
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Posté Le : 07/03/2011
Posté par : poesiealgerie
Ecrit par : Dr Bessenouci Sidi Mohamed El-Ghaouti - Université de Tlemcen
Source : Colloque International sur "La Poésie Féminine de Tlemcen" au cours de la manifestation de Tlemcen 2011, Capitale de la Culture Islamique