Présentation Les sandales en plastique lui dévoraient les pieds, une chaleur torride l’empêchait d’avancer et pourtant il devait le faire. Sa mère, en lui remettant son sac de provisions pour la journée, le lui a bien recommandé. Il devait garder son troupeau qui était l’unqiue revenu de la famille.
Tant bien que mal le jeune garçon arriva à diriger ses bêtes vers la petite vallée en contrebas du village. Il rejoignit ses copains, presque tous du même village que lui.
[...] La journée tomba vite, les rayons du soleil pâlissaient à mesure que la nuit reprenait majestueusement sa place. Une pluie légère venait se mélanger à ses larmes et confondait sa fraîcheur à la chaleur de ses sanglots.
Il serra bien sa valise, sourit machinalement quand il remit son adresse au chauffeur de taxi.
Une peinture réaliste de la vie dans un village de Kabylie Les mercenaires du verbe, le premier roman de Nasser Chali est une autofiction où l’auteur (se raconte ?) et raconte la trajectoire sociale et affective de Idir, son héros de papier. Ce sont des tranches de vie de ce héros et de ses protagonistes qui nous sont données à voir, avec l’arrière-pensée de nous édifier sur l’expérience de vie voulue exemplaire d’un berger élevé, dans le dénuement et la misère, pour devenir universitaire puis cadre, et qui sera ensuite, au bout d’un long périple universitaire en Europe, diplômé en économie.
Une sorte de saga qui a comme toile de fond les petites et les grandes histoires qui font la chronique tantôt mouvementée, tantôt paisible d’un petit village de Kabylie écartelé entre les caprices d’une nature hostile contre laquelle les villageois livrent un perpétuel combat et les intrigues des membres du comité du village inféodés et manipulés par le maire. Ces derniers se lèguent contre les intérêts des villageois et retardent, pour l’obscur intérêt politique, l’aboutissement des projets communautaire, pourtant initiés et financés par la collectivité villageoise.
Dès sa sortie d’une enfance et d’une adolescence façonnée par la misère et les privations tant affectives que matérielles, Idir se révèle à la vie avec les révoltes et les colères propres au jeune étudiant revendicatif et politiquement éclairé qu’il est devenu et qui veut changer le monde. Ce faisant, il s’attellera, dans son village, à bousculer l’ordre établi symbolisé et imposé par les membres du comité qui ont la mainmise sur la gestion des affaires du village dont ils tirent avantages et profits auprès de l’administration municipale.
Se sentant une âme de révolutionnaire, Idir se fera le catalyseur des remises en cause, mais aussi l’élément par qui s’exacerbent les tensions, les clivages et le choc entre des valeurs collectives et une modernité manipulée au sein de la petite communauté villageoise mais contre lesquels il s’avouera impuissant. “Drôle de modernité ! pensa Idir. Pour lui, voir son village dans un tel état l’angoissait même s’il avait tout fait pour améliorer la situation (...) Il réalisera qu’il ne pouvait changer l’ordre dans un village sans changer le système politico-administratif qui l’avait engendré.”
Ce petit passage donne le ton de l’intrigue et résume l’essentiel d’une histoire simple mais racontée dans un style narratif non dénué d’émotion. Dommage que le récit perd, perceptiblement, de son rythme et de son tempo dramatique, à mesure qu’il tire vers la fin, le narrateur verse par endroits, dans des digressions superflues et, quelquefois, dans des commentaires incongrus. L’auteur est comme sommé de mettre un point final à une histoire pourtant démarrée sur les chapeaux de roues.
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Posté Le : 01/04/2006
Posté par : nassima-v
Ecrit par : S. A. M
Source : www.lesoirdalgerie.com