Algérie

Les ménages face au glissement inexorable du dinar



Les ménages face au glissement inexorable du dinar
Coincée entre la fin de la saison estivale et l'Aïd El Adha, la rentrée sociale 2014 est bien difficile pour les ménages. A peine finies les dépenses des vacances, voilà qu'il faut encore puiser dans le porte-monnaie pour acquérir cartables, tabliers et autres fournitures scolaires.Les escarcelles ont déjà été mises à rude épreuve à l'occasion du Ramadhan, où en dépit des assurances du gouvernement les prix ont bel et bien augmenté. La rentrée 2014 s'annonce donc rude, d'autant que le dinar a continué à se déprécier par rapport à l'année dernière, ce que confirme d'ailleurs l'enquête de l'ONS (office national des statistiques) relative à l'indice des prix à la consommation pour le mois de juillet. Selon ces données, cet indice a enregistré une hausse de 3,3% par rapport à juillet 2013. Plus de 80% des prix des produits relevant de la catégorie viande et légumes frais ont connu des hausses durant ce temps. A la même période, la valeur du dinar a continué à glisser par rapport à l'euro. Au premier juillet 2013, le taux de change officiel donnait 104,6 dinars pour un euro. Une année plus tard, il était de 108,3 dinars. La Banque d'Algérie a d'ailleurs indiqué dans sa dernière note de conjoncture que le cours de change moyen du dinar face à l'euro s'est déprécié de 3,3% au premier trimestre de cette année par rapport à la même période de l'année dernière. Le taux effectif réel s'est quant à lui déprécié de 1,8%. De quoi se faire ressentir dans les dépenses des ménages, mais ce qui ne reflète qu'une partie de la réalité.Beaucoup d'experts estiment en effet que la valeur réelle de la monnaie nationale se trouve sur le marché parallèle de la devise, là où un euro est échangé à plus de 150 dinars et au cours de ces derniers mois la différence entre le cours officiel et le cours parallèle n'a cessé de se creuser. Opérateurs économiques et ménages supportant la différence. D'ailleurs, les courses pour l'acquisition des fournitures scolaires est un indicateur de taille à ce sujet.RenchérissementMunis de listes, avec ou sans leurs enfants, les parents se sont rués sur les étals, notamment des grandes surfaces. Chez Ardis, les fournitures scolaires se sont transformées en produits d'appel. Made in China ou made in Algeria, peu importe, il faut céder au caprice des enfants, même pour quelques dinars de plus, et il y en eut. Une mère de trois enfants, âgés entre 7 et 13 ans, deux au primaire et un au CEM, raconte avoir déboursé «plus de 6500 dinars l'année dernière pour les affaires scolaires ; là j'en ai déboursé 8200 et je ne compte même pas les livres». Pourtant, dit-elle, «les prix sont assez abordables : 23 DA pour un 96 pages, 15 DA pour un protège-cahier, ça reste raisonnable. Le problème, c'est que notre monnaie n'a aucune valeur.» Un sentiment partagé par d'autres. Une autre mère de famille avoue avoir dépensé 3500 dinars pour les fournitures scolaires de ses deux enfants l'année dernière. Cette année, «j'ai dû payer 5000 dinars, sans les cartables, ni les tabliers».Le constat vaut également pour d'autres produits, précisément ceux qui sont importés et dont les prix se sont envolés d'une manière fulgurante. Dans le rayon cosmétiques, une cliente observe qu'un déodorant qu'elle achetait 270 dinars il y a quelques mois est vendu aujourd'hui à 350 dinars.En dépit des augmentations de salaire, le pouvoir d'achat perd de sa valeur pour une grande partie de la population, sous l'effet d'une monnaie dont la valeur s'érode avec ou sans la volonté des autorités monétaires. Selon la Fédération algérienne des consommateurs, (FAC), le pouvoir d'achat des Algériens a chuté de 30 à 40% en 2013 par rapport à 2012.Avec le glissement de la valeur du dinar encore cette année, la chute est appelée à se poursuivre. De ce point de vue, la suppression décidée de l'article 87 bis du code du travail est perçue comme une aubaine pour les catégories sociales les plus fragilisées. Une tripartite a été annoncée par le président de la CGEA, Habib Yousfi, pour ce mois de septembre, sans précision de date ni d'ordre du jour, pour aborder les conséquences de cette abrogation qui ne sera effective qu'à partir du premier janvier 2015.




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