Algérie

Les ménages au bout du rouleau



Un Aïd aussi «dur» pour les portefeuilles que le mois de Ramadhan. En effet, après la flambée des prix des produits alimentaires, les citoyens font face à celle des...vêtements! À cette période de l'année, le prêt-à-porter est l'objet de toutes les convoitises. Ce qui le rend aussi sujet à l'inflation et la spéculation. Ce Ramadhan 1443 ne déroge pas à la règle. «Les prix des vêtements ont connu une augmentation variant entre 30 et 40%», soutient Zaki Hariz, président de la Fédération algérienne des consommateurs. Une information qui se confirme sur le terrain, notamment en ce qui concerne les vêtements pour enfants. Un petit tour dans les enseignes classiques ou grands magasins permet de le confirmer rapidement. «Il faut compter un minimum de 12 000 dinars pour habiller correctement son enfant», assure Fawzi, un père de famille qui faisait le tour des centres commerciaux et marchés de la capitale à la recherche des bonnes affaires. «Je ne parle pas là des vêtements de marque. Là, il faut compter deux ou trois fois plus», ajoute-t-il non sans préciser qu'il parle de la moyenne gamme. Il n'est pas le seul à faire cet amer constat.La majorité des personnes rencontrées a exprimé son désarroi quant à cette flambée. Surtout que, selon elle, elle est exagérée. «Il y a, certes, des augmentations justifiées mais elles ne devraient pas être de cette ampleur», déplore Imene, une mère de famille qui ne trouve pas quoi acheter à ses enfants en adéquation avec son budget.
12 000 dinars pour habiller un bambin
«Les mêmes articles étaient deux fois moins chers, il y a un mois», rapporte- t-elle regrettant de ne pas avoir fait ses emplettes bien avant. Lamine s'étonne, pour sa part, du fait que les vêtements coûtent le double que celui des adultes. «Un pantalon pour adulte qui équivaut à presque 1m de tissu est vendu à 2000 dinars, le même pour enfant coûte 4000 dinars alors que c'est 30 cm de tissu», souligne t-il non sans s'interroger sur les raisons de cette situation. «Comment expliquer cette équation' Peut-être la spéculation'Moi je n'arriverai jamais à le comprendre», poursuit-il avec beaucoup de colère. Il n'est pas le seul a être «remonté» contre la flambée des prix du prêt- à-porter.
Frustrés, le sont beaucoup de parents, malgré cela on assiste à une ruée sur les magasins de vêtements. Les prix n'ont pas refroidi les ardeurs. «c'est une tradition, on est obligé de s' y soumettre», assure Lamia, mère de trois enfants. Faycal est du même avis. Pour lui, il s'agit plus de faire plaisir aux enfants. «On doit faire comme tout le monde. Je n'ai pas envie qu'ils grandissent avec des frustrations», rétorque-t-il non sans avouer qu'il venait de se faire «déplumer». Une tradition qui coûte donc très cher, mais à laquelle les Algériens refusent de se soustraire.
Alors, beaucoup se retourne vers le système D pour pouvoir acheter des vêtements à bas coût. Il ne s'agit pas des friperies ou ceux qu'on appelle communément stocks américains, mais de prêt-à-porter neuf, et souvent de très bonne qualité.
Il faut s'armer de patience...
Ainsi, la mode est aux outlets et la vente au kilogramme. Deux solutions qui connaissent ces derniers temps un succès fou. Ils pullulent un peu partout à travers le pays. Jeunes et moins jeunes et de toutes les catégories sociales s ' y rendent pour refaire leur garde robe. Car, pour ce qui est de ces deux méthodes de vente, on y trouve des produits de grande qualité à des prix très doux. «On tombe souvent sur des produits de grandes marques qui, normalement, coûtent les yeux de la tête. On les achète moins chers que ceux de qualité moyenne», fait savoir Karima, une grande fan de ces magasins. Elle nous explique que ce soit pour les outlets ou la vente au kilogramme, il s'agit des fins de séries des grandes boutiques européens ou de produits ayant des petits défauts qui sont refusés par les Européens, très stricts sur la question.
C'est dans ce sens qu'elle assure avoir habillé son fils d'une grande marque française de prêt- à- porter à moins de 5000 dinars! C'est la moitié du budget consacré par les ménages dans les boutiques classiques. Une belle opportunité que confirme Rabah. «J'ai acheté au kilogramme un pantalon pour mon fils que j'ai payé 800 dinars. Je lui ai aussi pris une chemise qui m'est revenue à 500 dinars», assure t-il, mettant en avant le fait qu'il ait été étonné par la qualité des produits. Il précise, néanmoins, qu'il faut avoir la patience de chercher le bon produit et la bonne taille du fait que ce ne sont pas des séries de vêtements qu'ils apportent, mais des pièces de modèles différents. «Heureusement que ma femme est patiente, elle y trouve même son bonheur...», atteste t-il. Face à ce succès, certains particuliers ont «flairé» la bonne affaire. Leurs proches leur rapportent dans leurs cabas venus d'Europe des vêtements du même genre, fin de série ou avec des petits défauts, qu'ils revendent sur les réseaux sociaux. Les annonces proposant ce genre d'articles ont envahis la Toile. Ils sont à des prix défiant toute concurrence. Finalement, tout le monde y trouve son compte...


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