Algérie

Les mêmes réflexes persistent


Les mêmes réflexes persistent
La baisse régulière du prix du brut s'accélèreLa solution se trouve entre les mains des autorités qui persistent sur les mêmes mécanismes du parti unique.Manifestement, l'Exécutif manque d'imagination. La similitude des décisions prises face au choc pétrolier d'il y a une vingtaine d'années, soit vers la fin des années 1980 et actuellement, est éclatante. Gel des investissements, blocage du développement, maintien, voire augmentation des programmes des importations tous azimuts, dévaluation du dinar, sont les décisions phares des gouvernements de Abdelhamid Brahimi, Réda Malek et Abdelmalek Sellal.Les évènements d'Octobre 1988 semblent être, selon de nombreux analystes, la résultante de l'accumulation de ce genre de replâtrages économiques. A l'origine de ces choix économiques caducs, des considérations purement politiques. Cette période a connu crises, grandes pénuries et restructurations. A titre de rappel, en 1979 les cours du pétrole sont montés subitement de 13 dollars à 41 dollars. Des décisions sont prises à l'emporte-pièce sous la contrainte des fluctuations de cours du pétrole.En 1980, le congrès extraordinaire du FLN, le parti unique au pouvoir, a pris la décision de bloquer les investissements, donc l'arrêt du développement assuré par les entreprises publiques. A cette époque, comme actuellement, on importait déjà tout, y compris les poupées qui parlent et les poupées qui marchent! Cependant, après la flambée il y aura forcément la descente aux enfers de l'or noir.La baisse régulière du prix du brut amorcée à la mi-1985 s'accélère brutalement en 1986. Le pétrole n'a pas tardé à passer de 41 dollars à 6 dollars en 1986. Mais le rythme et la croissance de la consommation sont maintenus au même niveau.Le niveau des prix atteint son plancher et dévoile brutalement les dysfonctionnements structurels de l'économie algérienne. Comme aujourd'hui, les gouvernants de l'époque se sont mis à espérer la remontée du pris des hydrocarbures. Or, en 1987 le Conseil des ministres présidé par le Premier ministre devait examiner le programme général des importations(PGI), un dossier relevant du département des finances et de la planification. Ainsi, la chute des prix du pétrole de 40% révèle la grande dépendance et la faiblesse d'un système construit sur la seule rente des hydrocarbures. Malgré le manque de moyens financiers, le montant du PGI est revu à la hausse. Il est passé de 32 milliards de dinars à 38 milliards de dinars, sur la proposition du Premier ministre de l'époque. Nonobstant l'opposition de plusieurs membres technocrates du gouvernement, dont le secrétaire général du ministère des Finances et le ministre de l'Equipement, Ali Oubouzar, le gouvernement ne veut pas revenir sur ses choix populistes.Le Premier ministre reproche à ceux qui s'opposent à l'augmentation du PGI de «vouloir abattre le régime!». En conséquence, le gouvernement de Abdelhamid Brahimi, en fonction du 18 février 1986 au 9 novembre 1988, n'a pu qu'épuiser tous les avoirs et les épargnes de l'Etat et a dû emprunter à des taux d'intérêt très élevés pour importer. Peu à peu, on a abouti aux évènements d'Octobre 1988. Face aux mêmes turbulences économiques, l'Algérie n'arrive pas à tirer les leçons des échecs précédents. On efface tout et on recommence. Aujourd'hui encore, les subventions tous azimuts restent un dossier tabou à ne pas toucher. Et quoi que l'on dise, les importations, dont la diminution annoncée n'est due en fait qu'au hasard des fluctuations du taux de change du dinar face au principales devises, sont maintenues telles quelles. Sur un autre registre, il faut rappeler que le service de la dette algérienne qui atteignait 9 milliards de dollars en 1993 avec des revenus d'exportations nettement inférieurs, soit 8 milliards de dollars, a conduit les autorités algériennes à demander l'assistance du FMI. Ainsi, le gouvernement de Réda Malek et la Présidence ont signé le 1er juin 1994 un 1er rééchelonnement de la dette extérieure estimée à 26 milliards de dollars. Le Club de Paris, qui réunit les créanciers gouvernementaux d'Alger, a décidé, en accord avec les autorités algériennes, de rééchelonner sur 15 ans 5 milliards de dollars des échéances de dette tombant entre le 1er juin de cette année et le 31 mai 1995.Le passage de l' Algérie devant le Club de Paris, et le réaménagement de sa dette, accompagnés par un programme d'ajustement économique, ont été imposés par le FMI. Il faut souligner que la lettre d'intention envoyée par Alger au FMI comprenait une dévaluation de 40,17% du dinar, intervenue le 10 avril 1994. Une décision, somme toute similaire de celle prise actuellement par l'autorité monétaire, la Banque d'Algérie. Présentement, le dinar ne cesse de perdre au change face au dollar et l'euro. A une différence près que l'Algérie a apuré sa dette extérieure par des remboursements anticipés, les mêmes ingrédients qui ont conduit à l'implosion sociale se trouvent réunis de nouveau. Comme durant les années d'avant 1988, la solution se trouve entre les mains des autorités qui persistent sur les mêmes réflexes du parti unique.Les autorités s'obstinent à ne pas associer le peuple et de faire contribuer toute la classe politique, y compris l'opposition à penser un plan de sortie de crise. Si par miracle le pouvoir admet enfin qu'il va droit dans le mur, le peuple ne sera peut-être pas sacrifié sur l'autel des considérations politiques étroites, estiment les plus avisés.


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