Algérie

Les mélomanes découvrent une étoile marocaine



Le caractère maghrébin de cette manifestation de musique andalouse de Dar El Gharnatia de Koléa, qui en est à sa 8e édition, a été préservé.La présence des responsables des associations musicales du Maroc et de la Tunisie avait été chaleureusement applaudie. La première soirée a été achevée jeudi dernier à minuit. Les familles mélomanes, très nombreuses, avaient investi totalement la salle et le balcon de la maison de la culture. Elles sont restées scotchées sur leurs fauteuils jusqu'à l'ultime note musicale.
Ghellaï Moussa, qui s'est avéré un fervent mélomane, avait quitté la salle le dernier, après avoir salué individuellement l'ensemble des élèves musiciens. «Vous savez, après avoir passé une semaine chargée et fait face à plusieurs situations, nous dit-il en souriant, ces moments magiques sont une véritable thérapie pour nous, surtout lorsqu'ils interviennent à la fin de la semaine, comme ça, nous allons entamer l'autre semaine dans une meilleure forme», nous a déclaré le chef de l'éxécutif de la wilaya au moment où il quittait la scène.
Les élèves de la classe moyenne de l'Association de Dar El Gharnatia du très jeune chef d'orchestre Walid, à l'aide de son violon, ont su donner le tempo dès le lever de rideau. Une manière pour les responsables de cette association de démontrer son attachement à la préservation de la musique andalouse grâce au travail qu'elle réalise au niveau de ses classes.
A l'issue d'un vibrant hommage rendu à l'un des grands maîtres de la musique andalouse, le défunt Cheikh Hadj Mohamed Bouali, et une intervention explicative qui résumait le parcours du maître, les élèves de l'association SLAM (Société littéraire artistique et musicale) de Tlemcen, sous la houlette de Belhamidat Réda, a interprété un répertoire, fidèle aux conseils du Cheikh Hadj Mohamed Bouali, avant sa disparition, relatifs à la transmission du patrimoine musical national aux générations futures.
Benhamidat Fayçal, avec son r'bab, a épaté le public lors de sa production musicale en solo. Dans les coulisses, la chanteuse marocaine Fatima-Zohra El-Kortobi, accompagnée d'une poignée de musiciens de Dar El Gharnatia, décontractée, répétait des morceaux de chants.
Il est déjà 22h25, quand la belle Fatima-Zohra, enveloppée sous une splendide tenue traditionnelle foule une scène artistique dans notre pays pour la 1re fois. Elle fait son apparition sous les youyous et des applaudissements nourris. Elle avait balayé avec son regard la salle et le balcon, en arborant un sympathique sourire. Native d'Oujda et résidant actuellement à Rabat, cette intellectuelle marocaine ne cache pas son émotion. En se présentant face à l'assistance déjà acquise à elle, elle prononce une simple phrase de grande portée.
«A travers la présence de ma modeste personne ici, annonce-t-elle, je vous transmets l'amitié et les salutations du peuple marocain, je vous chanterai des chansons en hommage à Fadhila Dziria, ensuite j'interpréterai des chants du terroir marocain, algérien et tunisien», a-t-elle ajouté. Après un regard complice vers le maestro Mohamed Chérif Saoudi, elle s'assoit entre 2 virtuoses, le violoniste et le qanoundji. L'assistance entière découvre pour la 1re fois une nouvelle étoile marocaine.
Au fil des minutes qui passaient, la chanteuse se balade élégamment sur la scène, le sourire toujours aux lèvres. La communion était parfaite avec le public sans exception. Tout ce qu'elle demandait sur la scène est immédiatement exécuté. Applaudissements, youyous stridents et le même le ch?ur. Des mélomanes de tous les âges se laissent aller par les rythmes des chants populaires. A travers son répertoire de cette soirée, admirablement accompagné par les élèves de la classe supérieure de Dar El Gharnatia, «l'étoile marocaine» avait mis le feu.
Les mélomanes sont envoûtés par la folle cadence des notes musicales et la sublime voix de la chanteuse. Alors qu'elle s'apprêtait à quitter la scène, Mohamed Chérif Saoudi entame les premières notes musicales de la chanson Al Fichiya. Fatima-Zohra El Kortobi est surprise par «cet impondérable», sans perdre le sourire. Elle reprend la chanson déjà du public. Celui-ci répète en ch?ur les refrains. C'est le délire. Des moments de bonheur pour les mélomanes. L'assistance était emballée par le passage artistique de l'enfant d'Oujda.
Benblidia, l'ex-cadre supérieur du ministère de la Culture, l'ex-consul général d'Algérie à Casablanca, les responsables de la culture tunisienne venus de Monastir, les responsables des associations marocaines de musique andalouse, le discret Ali Ouameur, l'Algérien installé à Casablanca, mais un véritable artisan du rapprochement des artistes marocains avec leurs voisins algériens dans le domaine musical, autant de responsables mélomanes étaient présents jusqu'à la fin de la soirée pour vivre ces dizaines de minutes. Quitter la scène est devenue difficile pour Fatima-Zohra El Kortobi.
Rencontrée dans les coulisses, elle déclare à El Watan : «Vous savez que je suis née à Oujda, donc c'est tout près de l'Algérie, c'est vrai que j'étais envahie par le stress avant de me présenter face au public algérien que je viens de découvrir, il est connaisseur, il respecte les artistes, enchaîne-t-elle, mais j'étais frappée par le respect des élèves de Dar El Gharnatia et leurs responsables qui m'avaient adoptée immédiatement, je me suis considérée comme leur fille, leur s?ur, tout cela a créé un stress positif en moi, mais je tiens à revenir en Algérie si on m'invite, cependant je commencerai par Tlemcen, ville plus proche de chez moi.» Elle esquissa un très large sourire qui en dit long sur sa satisfaction en Algérie. La clôture de Koléandalouse était prévue pour hier.


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