Algérie

"Les médias en Algérie ont perdu la bataille de l'information et de la communication"



"Cet essai qui vient de sortir n'est pas une anthologie ou un dictionnaire des journalistes qui donne leur biographie", comme a tenu à le souligner l'auteur lors d'une rencontre qui s'est tenue à Alger, mais se veut un rappel et un hommage à des "plumes rebelles" et professionnelles qui ont marqué l'histoire de la presse algérienne.Aller à la rencontre de ses lecteurs pour échanger. Communiquer. Réfléchir ensemble et partager. Mohamed Koursi et son éditeur Média Index sont partis de ce principe et multiplient les rencontres depuis la sortie au Sila 2019 de Jeux de pouvoir en Algérie ? Plumes rebelles. Cette semaine c'est la librairie El-Idjtihad du centre-ville d'Alger qui leur a ouvert ses portes. L'auteur de cet ouvrage est un journaliste chevronné qui a passé plus de 30 années dans ce métier qui le passionne toujours autant, mais dont il assiste avec regret et déception au déclin.
Et cet essai qui vient de sortir "n'est pas une anthologie ou un dictionnaire des journalistes qui donne leur biographie", comme il a tenu à le souligner lors de cette rencontre, mais se veut un rappel et un hommage à des "plumes rebelles" et professionnelles qui ont marqué l'histoire de la presse algérienne, depuis près de 100 ans, mais dont on n'a pas gardé grand-chose aujourd'hui de leur éthique, leur déontologie, leur professionnalisme tout simplement.
S'étalant sur plusieurs générations, relatant la naissance et la genèse de la presse en Algérie ? dont Oran-Républicain et Alger-Républicain ? et parcourant la vie politique et économique de ce pays traversé par moult péripéties et rebondissements, Mohamed Koursi rappellera au bon souvenir des présents ? ceux de sa génération ?, comme il fera connaître aux plus jeunes des noms comme Mohammed Dib, Albert Camus, Henri Alleg, Abdelhamid Benzine, Kateb Yacine?
Et tant d'autres de cette trempe de journalistes inoubliables aussi bien pour la qualité du contenu de leurs articles que pour la beauté de leur style ; pour ensuite parler de l'actualité brûlante du moment et revenir à ce qu'est devenue la presse aujourd'hui en déplorant ce manque d'éthique, cette absence de formation, cette mainmise sur les médias qui font dire et donnent à lire tout et n'importe quoi.
Comment en sommes-nous arrivés à une telle dégradation qui donne plein pouvoir à la médiocrité et à la "désinformation en autorisant des passages de propos haineux, des images de violence et de menaces non déguisées sur des chaînes de télévision qui n'auront d'autre finalité que la division et la haine de l'autre".
"Où est passé ce journaliste militant d'antan qui mêlait compétence, objectivité et beauté d'écriture '" "Où sont passés ces collectifs de journalistes qui pouvaient faire le poids au sein de leur organe de presse pour exiger les conditions nécessaires au bon fonctionnement de leur travail '" "Que deviennent les comités de rédaction qui ont disparu pour laisser l'anarchie l'emporter, et le pouvoir de l'argent et de la manne publicitaire régner en maîtres sur ce secteur qui a pourtant un rôle capital à jouer au sein de la société '"
Il a été question aussi au cours de ce débat du Hirak, du changement que veut le peuple, du rôle que jouent les réseaux sociaux qui sont en fait une arme à double tranchant "dont il faut se méfier", dira un jeune intervenant, qui rappellera quelques faits causés par des parties "commanditées" pour semer le trouble dans certains pays qui en souffrent aujourd'hui. Pour revenir à l'actualité, Mohamed Koursi dira : "À mon avis, les médias en Algérie ont perdu la bataille de l'information et de la communication. Et par ricochet, le Hirak aussi.
Certes, il a gagné la bataille de l'image au vu de tout ce qu'on y voit comme masse qui marche, comme slogans, comme campagnes de nettoyage, comme solidarité, sorties en familles? admirés par le monde entier, mais comme communication, ce qu'on lit aujourd'hui sur les réseaux sociaux comme insultes, messages de haine et de division montre clairement qu'il y a un problème et qu'on doit impérativement dresser des passerelles entre nous, peuple du Hirak, pour parler et communiquer sereinement."

Samira Bendris-Oulebsir


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