Algérie

"Les médecins résidents veulent la révision du service civil"



Membre du Collectif national des médecins résidents algériens (Camra), il revient dans cet entretien sur le mouvement de protestation que mènent depuis près de deux mois les médecins résidents et sur les principales doléances portées avec détermination par son collectif.L'Expression: Vous avez décidé de durcir votre mouvement de protestation ces dernières semaines, pourquoi'
Docteur Taileb: Le fait de durcir notre mouvement de protestation est une réponse claire au ministère de la Santé en particulier et au gouvernement en général qui continuent de se murer dans leur silence. Les autorités font la sourde oreille et semblent complètement indifférentes à nos préoccupations ainsi que celles qui caractérisent tout le secteur de la santé depuis belle lurette. Pour nous, il est urgent d'agir maintenant. Dans la mesure où c'est le moment ou jamais de faire pression sur la tutelle, en sachant que le projet de la nouvelle loi sanitaire est toujours au niveau de l'Assemblée populaire nationale (APN). Ce qui est encore plus révoltant dans cette histoire c'est qu'en tant que médecins, nous ne savons même pas sur quoi portent ces textes de loi. Ce qui selon moi est tout simplement inadmissible.
Votre collectif s'est entretenu dernièrement avec le ministre de la Santé Mokhtar Hazbellaoui, qu'elle a été l'issue de cette entrevue'
Eh bien justement, il n'y a eu aucune solution concrète ou susceptible de nous montrer ne serait-ce qu'un brin d'une éventuelle volonté d'action du département de la santé pour remédier à nos différentes inquiétudes. Le ministre nous a écoutés et s'est montré plutôt compréhensif quant à la légitimité de notre plateforme de revendications, notamment pour celle ayant trait à la question du service civil. Ceci dit, pour nous rassurer il s'est contenté de nous dire que le dossier sera étudié en concertation avec les autorités concernées avant de nous fixer rendez-vous après 15 jours afin de nous donner une «réponse». Seulement voilà, nous avons entamé la troisième semaine et pas le moindre signe de vie de la part de la tutelle. Pour ce qui est de notre rencontre avec le ministre de l'Enseignement supérieur, nous avons fait part de nos préoccupations se rapportant sur le statut du médecin résident qui demeure jusqu'à aujourd'hui totalement flou. Nous ne sommes situés dans aucune catégorie, ni celle d'étudiant encore moins celle d'un fonctionnaire et cela est très frustrant. On ne bénéficie par conséquent d'aucun avantage. L'autre point important est celui de la formation. Nous sommes souvent livrés à l'humeur de nos formateurs. Certains de ces derniers se font un malin plaisir à casser le résident. Vous imaginez qu'ils nous interdisent d'accéder aux appareils de l'hôpital tel qu'un scanner! Cela relève de l'inimaginable. Sans parler des formateurs qui sont carrément absents et nous laissent livrés à nous-mêmes. Nous exigeons de ce fait la mise en place d'une entité qui se charge de surveiller ces moniteurs qui usent et abusent de leur pouvoir. Notre formation doit par ailleurs être définie par un carnet pédagogique.
Certains de vos confrères appellent carrément à la suppression du service civil alors que d'autres se montrent plus souples, qu'en pensez-vous'
Pratiquement 99% des médecins résidents appellent à la révision et non à la suppression du service civil. Le ministre de la Santé lui-même en convient, cette obligation est purement anticonstitutionnelle. Le fait est qu'il n'est pas concevable d'obliger un médecin à travailler pendant une durée soit-elle dans une zone reculée du pays. Qui plus est dans des conditions plus que piteuses.
A ce stade-là ce n'est plus un problème de formation, mais de conditions de travail. Ramenez un médecin étranger avec la meilleure formation qui soit, son rendu passera inaperçu dans nos hôpitaux. L'autre point est que l'échec du service civil est avéré, et ce, depuis des années. C'est sa forme actuelle qui exige d'être revue. Ce n'est ni plus ni moins que du chantage, car notre diplôme est en quelque sorte hypothéqué jusqu'à l'accomplissement de ce service. De plus nous ne pouvons même pas démissionner, et cela, selon mon avis, encourage cette indifférence à notre égard.


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