A l?heure où population et corporation des médecins attendent avec impatience les réformes du système sanitaire en Algérie, annoncées par leur tutelle, le secteur de la santé pâtit toujours des nombreux dysfonctionnements et de leurs retombées négatives sur le citoyen contraint bon gré mal gré de les subir. A l?image de toutes les villes d?Algérie, Constantine ne fait pas exception à la situation qui prévaut actuellement au sein du domaine médical et le constat établi constitue le reflet fidèle de ce qu?est devenue au fil des ans la profession. En effet, ce qui officiellement est le plus grand centre hospitalo-universitaire de l?est du pays s?est progressivement vu déserter par ses meilleurs médecins, tous, préférant se tourner vers l?ouverture des cabinets médicaux. Les véritables motifs de cette inévitable désertion sont fondamentalement dus à une flagrante déliquescence de l?établissement engendrant une dégradation évidente des conditions de travail, et bien sûr et surtout l?appât du gain qu?engendre un cabinet. Face à la disparition graduelle des formateurs, toutes disciplines confondues, à la fermeture de certains services ainsi qu?à la détérioration du matériel médical existant, médecins et professeurs ont préféré une autonomie professionnelle principalement fondée sur la réputation dont jouissent bon nombre d?entre eux. Effectivement, un récent recensement montre que le taux de médecins installés est monté en flèche en l?espace d?à peine quelques années. Pour la commune de Constantine, les chiffres parlent d?environ 90 médecins généralistes et de pas moins de 200 spécialistes répartis entre de nombreuses disciplines, ayant choisi de s?installer à leur compte. Si les spécialités les plus courantes restent la pneumo-phtisiologie, la gynécologie, la pédiatrie entre autres, certaines spécialités ou microspécialités telles que la gastroentérologie ou encore l?urologie demeurent peu fréquentes. L?accroissement du nombre de médecins « cabinards » n?arrange finalement en rien une certaine catégorie de personnes ne pouvant pas toujours faire face aux soins pour cause de tarifs qui restent souvent trop élevés, si l?on considère le niveau de vie qui demeure trop bas. Avec des tarifs variant entre 400 et parfois 800 DA, le prix de la consultation reste un budget assez lourd à supporter pour des foyers dont le revenu n?atteint parfois même pas le SMIG. Une première consultation chez un spécialiste est souvent accompagnée de radios et d?examens sanguins. Ainsi, une visite chez le médecin pour des maux d?estomac peut allègrement coûter 1000 à 1200 DA, cela évidemment sans prendre en considération le prix des médicaments qui restent pour la majeure partie d?entre eux non inclus dans la listes des médicaments remboursables par la sécurité sociale. « Un problème gastrique qui devient récurent pour moi me revient les yeux de la tête », nous dira un malade qui ajoutera par la suite : « Mon gastro-entérologue me prescrit des traitements dont les résultats ne sont pas probants, cela implique des retours fréquents chez ce dernier ce qui suppose à chaque fois le règlement de la consultation en plus de l?achat du traitement dont le remboursement reste dérisoire », ajoute-t-il. Pour ce qui est des tarifs des consultations appliqués par l?ensemble des médecins installés, il faut rappeler que les remboursements au niveau de la CNAS se font en fonction des anciens tarifs, soit 100 DA la consultation. Ce point précis fait que le secteur privé, malgré sa genèse récente soit encore très critiqué par une grande partie de la population. De leur côté, les médecins privés se défendent bec et ongles contre ce qui se dit quant à leur volonté de s?enrichir sur le dos des malades. Pour eux, « la santé n?a pas de prix » et la qualité de la prestation offerte aux patients se paye. Un médecin spécialiste ira même jusqu?à dire que les coûts appliqués actuellement sont en deçà des frais de fonctionnement qu?exigent leurs cabinets « pour arriver à joindre les deux bouts sinon à enregistrer de maigres profits, le prix de la consultation qui avoisine les 500 DA devrait augmenter sinon carrément doubler », nous dira notre interlocuteur. Ainsi, et pour pallier aux carences que connaît le domaine de la médecine dans le secteur public, l?émergence des cabinets puis des cliniques et plus récemment des hôpitaux privés devrait permettre à court sinon à moyen terme d?effacer les stigmates qu?auront laissés les établissements étatiques dans l?esprit des citoyens. La réussite de ce pari ne pourra être effective que par des contrôles rigoureux afin d?éviter les possibles dérapages mais également par la rapide relance de l?activité du conseil de l?Ordre des médecins qui aura pour rôle de veiller à l?application du code déontologie et à la préservation de la morale de la profession.
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Posté Le : 02/02/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Inès M.
Source : www.elwatan.com