Algérie

Les médecins libéraux préparent leur mémorandum



Le Syndicat national des médecins libéraux a décidé de mener une enquête sur l'exercice libéral en Algérie. Cette enquête, explique le syndicat, servira de socle pour l'élaboration d'un mémorandum de l'exercice libéral qui sera remis à la tutelle lors des prochaines assises de la santé.Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Les médecins libéraux estiment qu'ils sont montés au front pour la prise en charge de la pandémie de Covid-19, sans qu'ils soient armés. Selon le Syndicat national des médecins libéraux, (SNML), le médecin libéral n'était pas censé être en première ligne pour prendre en charge les malades Covid. Pourtant, dit-il, c'était bien le cas. Le médecin libéral s'est ainsi retrouvé, malgré lui, à faire face à des malades contaminés par le virus. « Face à la demande qui était très importante, puisque les malades fuyaient le secteur public, nous n'avons pas délaissé nos patients mais nous avons fait ce que nous devions faire », a déclaré le docteur Mustapha Benbraham, président du SNML.
En effet, devant un système de santé public défaillant et submergé, les citoyens n'avaient pas d'autres choix que de se ruer vers le secteur libéral, quand bien même les prestations sont jugées très onéreuses. Résultat, dit-il, sur les 335 décès liés au Covid enregistrés au sein du personnel de la santé, 70% ont été recensés dans le secteur libéral. Et puisque nous nous sommes retrouvés dans les premières tranchées, explique le président du SNML au Soir d'Algérie, nous avions, à l'époque, proposé au ministre de la Santé un canevas de prise en charge de la pandémie en médecine de la ville, soit la mise en place d'un algorithme de prise en charge où le rôle de chacun a été bien défini.
Une proposition à laquelle Benbouzid n'a, cependant, pas répondu, souligne le syndicat. Pourtant, note ce médecin, 80% des examens radiologiques, biologiques et les scanners ont été faits par le secteur libéral durant la pandémie. «Donc, nous étions d'un apport très important», estime le syndicaliste. Aujourd'hui, les médecins libéraux veulent faire un état des lieux de leur exercice. «Nous voulons connaître exactement ce qu'il en est de l'exercice libéral en Algérie, dans cette phase historique. Nous avions donc lancé un questionnaire au profit de l'ensemble des médecins installés à titre privé afin de recenser l'ensemble des obstacles auxquels ils font face et leurs propositions pour faire un document de réflexion qui sera remis à la tutelle», a expliqué le docteur Benbraham, qui affirme que le médecin libéral veut apporter sa contribution dans toute situation sanitaire désastreuse dans le pays.
Cependant, souligne-t-il, les choses doivent se faire dans des règles bien définies à l'avance. À travers ce mémorandum, explique notre interlocuteur, «nous voulons changer le paradigme du décideur en matière de santé en Algérie qui a une approche hospitalo-centrée. On parle uniquement de santé publique, nous voulons inviter les décideurs à avoir une vision moins coincée. Il est temps de s'ouvrir et de sortir de cette vision exclusive hopsitalo-centrée, et d'aller vers une vision inclusive où toutes les compétences se rallient pour régler les problèmes de santé en Algérie».
Le Syndicat national des médecins libéraux s'interroge d'ailleurs à quand l'aboutissement du projet de la complémentarité entre le secteur public et privé. «Tous les textes de la loi sanitaire parlent de la complémentarité, mais c'est comme la fameuse Arlésienne dont tout le monde parle mais que personne n'a vue. Il est temps qu'on nous explique ce qui est de la complémentarité, car nous sommes pour la complémentarité mais pas dans un seul sens, comme cela s'est passé lors de la gestion de la troisième vague de Covid où certains walis ont utilisé la réquisition des médecins libéraux à tort et à travers, en obligeant, entre autres, le médecin libéral, qui est dans son cabinet et dans un cadre juridique bien déterminé, à s'incruster dans un environnement public pour faire des gardes en gynécologie. Cela veut dire qu'il y a un problème de gestion des ressources humaines au niveau du public, et nous refusons qu'un médecin libéral devienne un vivier uniquement lorsque nous avons des brèches dans la gestion du public», avertit le porte-parole des médecins libéraux qui dit faire appel «à l'intelligence collective pour réfléchir d'une manière pragmatique pour le bien du secteur».
S. A.


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