Les meddahate Ces blues women de l'Oranie

Moments de nostalgie et de retrouvailles pour un public quasi féminin, venu en nombre, revivre un art qui a donné à l'Algérie de grandes artistes, à l'image de Cheïkha Remiti, Djenia, Zalamit, Zahouania, Zohra et d'autres divas d'un genre musical qui se perpétue encore par l'authenticité de ses mélodies et par ses indescriptibles rythmes endiablés. Vêtues de luxueux caftans, les quatre inénarrables cantatrices, venues de bled Sidi El-Houari, à Oran, ont enchanté l'assistance et se sont donné à c?ur joie en reprenant des anciens tubes, entre autres, « Ma nebrache », « Moualy tayeb », « Kayen rabbi » et bien d'autres morceaux qui ont plongé le public dans une douce nostalgie. Si les mots cru de leur chant n'ont pas l'élégance de la poésie classique, force est de constater la force des cris de douleur qu'il portent à bout de langue. Douleur qui rappelle, aux plus nostalgiques, le combat artistique mené par ces femmes pour avoir droit de cité dans un monde qui n'était pas le leur et dans lequel elles n'espéraient qu'une petite place au soleil. L'Algérie a bien évolué depuis. Pour preuve : l'époustouflant spectacle qu'elles ont offert au public en quête de bouffée d'oxygène, après une journée plombée par la chaleur qui sévit depuis le début de la semaine. Instrumentalistes patentées, maniant à la perfection à la fois le violon, le bendir et, surtout, l'instrument suprême de l'orchestration classique, le guellal, les cheïkhate ont fait étalage d'un savoir musical étonnamment envoûtant, illustrant, par là même, l'indétrônable place qu'elles ont acquises, non sans sacrifices, dans la sphère artistique du pays. Scènes de danse, de standing-ovation sur fond de youyous stridents. Comme quoi, le succès des medahate n'a pas pris une seule ride.