Tour à tour des représentants des pharmaciens tirent la sonnette d'alarme sur une dramatique pénurie de médicaments qui atteint un degré jamais connu par le passé. Car, la pénurie est devenue presque courante dans les officines, mais pour arriver à 302 médicaments qui manquent dans les étals, ce n'est vraiment pas chose admissible. Où se situe exactement le problème de ces pénuries endémiques ' Parfois, ce sont les grossistes qui sont pointés du doigt. Ces derniers provoqueraient même des pénuries pour passer à la vente concomitante, ce qui leur permet d'écouler des médicaments pas trop demandés en contrepartie de la satisfaction de la commande des officines, incluant les médicaments qui connaissent une rareté sur le marché. Des accusations clairement formulées par des représentants des pharmaciens, depuis longtemps. Les pharmaciens ne veulent de médicaments qui, par mévente, leur resteront sur les bras après la date de péremption, et les grossistes cherchent, de leur côté, tous les moyens pour se délester de cette marchandise pour éviter de tomber au bout l'exercice dans un manque à gagner, irrécupérable, et qui nécessiterait encore des dépenses lors des opérations d'incinération. On voit bien qu'il s'agit d'une histoire de sous, alors que le médicament est hautement stratégique sur le plan de la santé des citoyens. Ceci n'exclut, bien évidemment, en rien d'autres facteurs qui sont à l'origine de la pénurie de médicaments, dont le manque de concertation avec les professionnels du secteur lors de l'élaboration des carnets de commandes, qui pourraient éviter d'importer des produits en grosses quantités, ou plus qu'il n'en faut, alors qu'ils sont invendables. Cela s'appelle une régulation inopérante, puisque la rupture concerne presque les mêmes produits sans qu'on arrive à y remédier. L'Etat qui débourse dans ce domaine pas moins de quatre milliards de dollars (deux pour l'importation et deux autres pour la production locale) devrait mettre en place une stratégie de contrôle rigoureuse pour éviter le gaspillage et le détournement des deniers publics. On reste tout simplement éberlué devant l'absence d'un système de gestion numérisé, qu'on s'attelle à mettre en place, malgré ces sommes énormes dépensées et toute la complexité de suivre les produits au stylo ! D'autres causes exogènes viennent s'incruster dans ce système archaïque, tout fait pour jouer avec des sommes colossales. La crise sanitaire qui a provoqué une pression sur les laboratoires pharmaceutiques, qui ont dû changer certaines de leurs priorités, ainsi que la fermeture des frontières, ont entraîné une cassure dans la chaîne de livraison des médicaments. Toutefois, faut-il l'admettre, avec quatre milliards dépensés pour le médicament, le pays ne devrait pas connaître ces ruptures endémiques. Aussi, devrait-on se demander, est-ce une raison de mettre toute la pression sur le jeune ministère de l'Industrie pharmaceutique, qui commence à peine à se familiariser avec ce milieu habitué à la pêche dans les eaux troubles, et qui met doucement en place une thérapie pour guérir le mal du médicament ' Les circonstances plaident pour une union de tous les efforts, mieux que de se jeter les accusations, pour rompre radicalement avec ces scandaleuses ruptures des stocks de médicaments.
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Posté Le : 03/12/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abdelkrim Zerzouri
Source : www.lequotidien-oran.com