Les mauvais investisseurs

Des alchimistes avaient fait le pari de transformer du plomb en or. Leurs immenses efforts n'avaient eu d'égal que l'impertinence de leurs esprits. En politique, cela n'est malheureusement pas pareil ; ceux qui gouvernent ou manipulent l'opinion publique par le leurre et le mensonge passent pour des sauveurs, des génies parfois mais...malfaisants.
Il est avéré que de hauts responsables politiques n'ont rien à voir dans la conduite des affaires publiques. L'inaptitude dans la maîtrise des portefeuilles qui leur sont confiés pour des raisons de clientélisme, ou d'équilibre entre clans, sinon pour obéir à une distribution des tâches entre les partis conditionnant le pouvoir pour refléter l'idée que le pouvoir est réellement exercé par le peuple produit des avatars qui coûtent très cher au Trésor public. Les coûts ne se matérialisent pas uniquement en perte d'argent du contribuable. Il est des situations où la société finit par s'incarner dans l'immobilisme, l'accablement, tout en sombrant dans la médiocrité. C'est d'autant plus grave si on met dans la balance le fait que de nouveaux sorciers vous représentent, et parlent en votre nom dans des forums qui appellent en des termes à peine voilés à l'anarchie, voire au bouleversement des assises républicaines. Nous avons eu droit à un ministre qui écrivait des talismans, à un président à la limite de l'analphabétisme politique. Depuis, nous subissons les assauts de thèses produites par des théoriciens copiant des modèles de développement qui ne répondent pas à la réalité du terrain. Nous assistons à des manifestations de changement sans programme politique bien défini sous tous ses encoignures, qui aurait préalablement été retenu par le peuple, démocratie revendiquée oblige. Le clientélisme politique souvent allié au clientélisme financier faussent le débat sur la véritable représentativité populaire. Certains agissements et certains discours semblent imposer un semblant de vérité et de sortie de crise, si crise il y a en Algérie. Ces versions de changement, de réformes, de promesses développées çà et là créent la confusion nécessaire pour faire passer des mensonges grâce à un décalage entre la réalité et la vérité. Les traitements de l'information monopolisatrice des avis d'un seul clan sont révélateurs d'un manque flagrant de professionnalisme, et de sentiments qui n'ont aucune place dans une société voulue démocratique. Ce qu'on veut pour les autres commence par soi-même. Nous, nous savons qu'ils roulent surtout pour leurs intérêts privés, et pour quelques actionnaires investisseurs utopiques. Ce qui est pathétique en démocratie, c'est que la vérité n'est pas mortelle : un jour ou l'autre elle éclate comme un orage pour rattraper les mauvais investisseurs.