Algérie

Les mausolées, un support de l'identité



Les mausolées, un support de l'identité
Ce n'est nullement un hasard si, durant la période où l'activité terroriste connut son apogée, des mains criminelles avaient voulu dynamiter des mausolées. Un peu partout à travers le pays, des tentatives de destruction ont eu lieu. Hadj Abdelkrim à Saïda, Sidi Boumediene à Tlemcen et Sidi Abderahmane à Alger ont failli disparaître. Ces actes furent commis au nom d'une conception de la religion qui n'eut jamais cours dans des pays où des siècles durant, l'Islam fut glorifié par des générations successives. Diverses manifestations rituelles et une pratique saine de ses enseignements nous éloignaient d'attitudes condamnant et sermonnant en premier lieu ses propres coreligionnaires. Il suffit de relire la poésie qui a servi de support à un genre musical pour découvrir ce visage d'une religion qui ménageait une bonne place à la joie contemplative, qui ne servait pas de vecteur à la dissension. Ces lieux ont symbolisé, des siècles durant, la mémoire de villes. Oran était celle de Sidi El Houari et la cité de Béjaia s'enorgueillissait de compter quelque 99 saints. Les pérégrinations de ces hommes, leur quête de savoir, ont constitué des repères d'histoire et des exemples à suivre. Dans les moments de doute, on se tournait vers ces « salihines » pour conforter sa foi et espérer des miracles, une belle utopie commune à toutes les religions. Ces hommes n'étaient que des intercesseurs, des modèles de vertu et de droiture. Ils n'étaient pas surtout des messagers de haine ou de violence, sinon pour chasser l'ennemi qui voulait accaparer des richesses du pays. La religion, telle que voulue et prônée par un homme comme Sidi Lakhdar Benkhlouf, contemporain des menées espagnoles à l'ouest du pays, n'avait pas le visage de la haine et de l'excommunication. Sa poésie était à la fois célébration des valeurs de la religion et appel à la résistance. La confrérie Rahmania, qui a produit Cheïkh Ahaddad et Fatma Nsoumeur, demeure un mélange de haute spiritualité et d'attachement à la terre des ancêtres. Il serait irréaliste de garder de nos jours aux sanctuaires qui ont essaimé dans maintes régions d'Algérie le même rôle. La société qui a vu naître ces croyances, le cadre où elles ont prospéré, s'est effritée. La zaouias, les confréries, ne peuvent être ce qu'elles étaient. Les appareils de justice, de sécurité, l'école, ont rogné, progressivement, voire totalement, leurs pouvoirs. D'autres pratiques ont altéré la relation apaisée de la société avec la religion, sa façon de concevoir l'existence. Le vent de la mondialisation a introduit d'autres manières d'appréhender la croyance et la pratique. Pourtant, à Alger, en Kabylie, dans le Sud, ces lieux rappellent toujours que l'Islam n'était pas seulement un ensemble de pratiques rigoristes, réduits à des chapelets d'interdits. Rappeler cette simple vérité en ces temps où l'identité millénaire des Algériens subit des coups de boutoir est un acte de salubrité et une preuve d'attachement à un Islam qui a forgé le caractère original de la personnalité et de la culture algériennes.




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