Algérie

"Les matériaux de construction ont connu une augmentation entre 20 à 30%"




La spéculation est au coeur de la dernière pénurie de ciment, estime le président de l'Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA), Mouloud Kheloufi. Dans cet entretien, il exhorte le ministère du Commerce à jouer son rôle.Liberté : Comment expliquez-vous cette pénurie de ciment sur le marché 'Mouloud Kheloufi : Ces trois derniers mois, les matériaux de construction ont connu une augmentation variant entre 20 à 30%. Pourtant, les prix au niveau des unités de production n'ont pas augmenté d'un centime. C'est purement de la spéculation. Chez les revendeurs, il n'y a pas de ciment, les distributeurs disent qu'ils ne sont pas servis. Les entreprises qui ont un programme de 60 tonnes par exemple ne reçoivent que 20 tonnes au niveau des cimenteries.La spéculation a induit des prix qui sont au Centre de 900 DA, à l'Est et à l'Ouest les prix oscillent entre 900 et 950 DA, alors qu'au niveau du Sud et l'extrême Sud, les prix n'ont pas augmenté d'un centime. Même les revendeurs sont en train de vendre entre 350 et 400 DA le sac. Il faut que le ministère du Commerce joue son rôle en procédant à des contrôles pas seulement au niveau des entreprises de réalisation mais aussi chez les distributeurs et les cimenteries et voir ou vont les quotas. Au niveau des cimenteries, il n'y a pas de ciment. Les entreprises se plaignent de ne pas être approvisionnées. Mais au niveau du marché parallèle, il y en a. Tu demande 20 tonnes, tu seras servi.Est-ce que les arrêts techniques des usines ont influé sur le marché 'C'est toujours la même histoire. Cela fait une décennie que nous sommes dans cette même histoire. On justifie à chaque fois la spéculation par l'arrêt technique des usines. L'arrêt technique d'une ou deux unités ne justifie pas l'enchérissement des prix du ciment par fois jusqu'à 300%.Est-ce que cette crise influe négativement sur les entreprises du bâtiment 'Tout à fait. Certes, le code des marchés publics introduit le droit de révision des prix. Mais les indices des prix n'ont pas augmenté. Par ailleurs, le code des marchés publics prévoit 10% de pénalités en cas de retard sur l'ensemble du marché. Cela fait peur aux entreprises. Les entreprises ont déjà énormément de problèmes pour se mettre à niveau. Elles ont des problèmes à finaliser leurs projets dans les délais pour ne pas avoir à subir les pénalités de retard. Elles n'ont que faire de cette spéculation qui leur provoque beaucoup de tord. Cette pénurie de ciment provoque forcément un ralentissement des chantiers. On ne peut pas travailler à 100%. Cela touche au prix de revient du mètre carré réalisé.Des mesures ont été décidées en tripartite concernant le BTPH. Est-ce qu'elles ont été appliquées 'On est en train d'œuvrer à les faire appliquer. On est en train de travailler pour mettre en place toutes les décisions concernant le BTPH. Bien sûr, en collaboration avec les différents départements ministériels concernés. N'empêche que l'outil de production nationale reste, au jour d'aujourd'hui, en retard. La preuve, on fait toujours appel aux entreprises étrangères pour les grands chantiers. Je pense qu'il est aujourd'hui permis de penser qu'on peut ne plus faire appel aux entreprises étrangères, surtout en ce qui concerne le logement, sur lequel on peut se passer des entreprises étrangères. Bien sûr, il y a d'autres ouvrage plus importants, purement techniques, des ouvrages d'utilité publique grandiose qui nécessitent une certaine technicité, certains matériaux spécifiques. Là, on continuera à faire appel aux entreprises étrangères. On ne peut pas réaliser l'ensemble des structures du secteur à 100% algérien. On n'est pas encore arrivés à cela.L'entreprise nationale a donc impérativement besoin d'être mise à niveau.On doit se mettre à niveau. On est entre 60% à 70% de nos capacités de réalisation. Il faut qu'on arrive à 100%. Et pour y arriver il faut assainir l'environnement de l'entreprise qui constitue un frein pour cette mise à niveau. L'environnement actuel freine le développement de l'entreprise qui a peur de l'avenir. Ajouter à cela le problème des recouvrements des entreprises. Le problème des avenants des entreprises. Et également la situation financière de la CNL qui, faute d'argent, fait beaucoup de retard dans le payement des entreprises. Une entreprise de réalisation diffère d'une entreprise de fabrication. Quant il n'y a pas de projets publics, elle ne travaille pas, elle ne se développe pas. Il y a même le risque, pour certaines entreprises, de mettre la clé sous le paillasson. Certaines entreprises veulent s'arrêter faute de plan de charge au niveau local. En effet, il y a un problème énorme pour les plans de charge. D'autres veulent carrément changer d'activité.S. S.




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