Algérie

Les Martyrs reviennent cette semaine cartonne à Béjaïa La pièce de Sonia au Festival international du théâtre



Les Martyrs reviennent cette semaine cartonne à Béjaïa                                    La pièce de Sonia au Festival international du théâtre
De notre envoyée spéciale à Béjaïa
Wafia Sifouane
Adaptée de la nouvelle éponyme du défunt Tahar Ouettar les Martyrs reviennent cette semaine par le dramaturge M'Hamed Benguettaf, la dernière production du Théâtre national algérien (TNA) mise en scène par l'artiste Sonia (présidente d'honneur du 3ème Fita) a été présentée dimanche dernier sur les planches de la maison de la culture de Béjaïa Taous Amrouche.
La représentation prévue à 16h a attiré beaucoup de monde. La salle affichait complet quelques minutes avant la levée du rideau. Entre festivaliers et amateurs de théâtre, tous les présents étaient curieux de découvrir le nouveau visage de cette pièce déjà montée à deux reprises, une première fois durant les années 1980 et la seconde en 2003 par Ziani Cherif Ayad. Extinction des lumières. Une fumée épaisse envahit la salle, laissant à peine entrevoir le décor de la pièce. La scénographie, signée Slimane Boukhari, est la reconstitution d'un cimetière, ou plutôt d'un tombeau de martyrs. Des silhouettes de femmes vêtues de blanc apparaissent. Tout en harmonie, elles exécutent une chorégraphie sur fond de musique d'un chant patriotique, Min djibalina. Les silhouettes se figent et les voix se taisent. Aâmi el Abed est au fond du tombeau, l'air très préoccupé et pour cause, il vient de recevoir un courrier de la part de son fils tombé au champ d'honneur, qui lui annonce son retour au village en compagnie d'autres martyrs. C'est pour le moins invraisemblable. Aâmi El Abed a 70 ans et il est considéré comme le sage patriarche du village. Aussi ne sait-il pas comment annoncer une telle nouvelle aux villageois. Il passera à coup sûr pour un fou, et c'est exactement ce qui se produit. Au village, les préparatifs vont bon train. On attend la visite de grands responsables qui viennent de la capitale. Tapis rouge, drapeaux accrochés partout et calicots. Tout doit être parfait pour la cérémonie d'accueil. Un par un, les responsables se succèdent auprès d'Aâmi El Abed qui a pris sur lui de révéler l'incroyable nouvelle, mais personne ne le croit. On est persuadé qu'il est devenu fou. Le peu de personnes qui prennent le temps de l'écouter se verront vite confrontés à une dure réalité : Et si les martyrs revenaient pour de vrai ' Rien que d'y penser, certaines personnes en tremblent. Car, si les martyrs reviennent, beaucoup de vérités tues risquent de ressurgir et de chambouler l'ordre établi. Personne ne se réjouit à l'idée de ce retour, pas même les parents des martyrs qui ont peur de perdre la pension de chahid qu'ils perçoivent. D'autres craignent d'être démasqués, car de traîtres qu'ils étaient, ils sont devenus révolutionnaires. D'autres encore ont peur de voir les martyrs poursuivre la révolution dans ce pays où règnent la corruption, le clientélisme, les passe-droits et le clanisme. Ni les authentiques anciens combattants ni les opportunistes ne sont prêts à affronter la vérité qui ne manquera pas de jaillir avec le retour annoncé des martyrs.Le texte qui se distingue par des messages poignants et une grande profondeur, a été sublimé par une mise en scène pour le moins remarquable. Cependant, on notera que la pièce aurait pu se passer de la scène du retour imaginaire des martyrs, racontée par Khadidja la moudjahida. Parmi les points forts de la pièce, on relèvera la très bonne maîtrise du personnage de Khadidja, interprété par la comédienne Amel Faïza, un personnage qui incarne la mémoire vivante d'un martyr qui pleure ses compagnons.Atemporelle, les Martyrs reviennent cette semaine incite à une véritable prise de conscience et dénonce la corruption, l'opportunisme et l'injustice, des dérives dont le pays ne peut tirer fierté devant ses martyrs. Produite dans le cadre de la manifestation «Tlemcen, capitale de la culture islamique 2001», la pièce en a ému plus d'un parmi le public. A la fin de la représentation, des youyous ont retenti, suivis d'un «one, two, three Viva l'Algérie».


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