Algérie

Les marqueurs sociaux de l'exclusion



Ce que révèle aussi cette énième auscultation de la population, c'est la manière dont les questions ont été posées. Elles font, sous le couvert d'un sondage scientifique, la publicité de tous les préjugés en vogue. Le sondage fort justement intitulé : « La circulation des préjugés », a été réalisé à l'occasion des Assises nationales de la lutte contre les préjugés qui s'est tenu les 14 et 15 mars derniers à Paris. Trois séries de questions sont posées. La première sur « la perception du regard de la société sur des préjugés », la deuxième sur « l'adhésion personnelle aux préjugés » et enfin le troisième volet sur les « acteurs et moyens de lutte contre les préjugés ». Ainsi, est-il grave de tenir des propos qui dénotent des préjugés ' Que 35% seulement des sondés ont considéré que des préjugés à l'égard des arabes, des jeunes de banlieue, des femmes, des blancs, des homosexuels, des étrangers et de la protection sociale, des juifs, des noirs étaient graves. 96% estiment qu'au moins un des préjugés l'est. Quels sont donc ces préjugés et quelle est l'adhésion des personnes sondées ' La deuxième série de questions y répond, et on n'en commentera pas plus les résultats.Donc, « les étrangers savent mieux profiter du système de protection sociale que les autres » (48% d'accord, 49 non), « les juifs ont plus d'influence que les autres dans la finance et les médias » (57% plutôt d'accord), « les noirs sont plus forts physiquement que les autres »(71% plutôt d'accord), « les jeunes de banlieue sont plus fainéants que les autres » (81% plutôt d'accord), « les blancs sont plus racistes que les autres » ( 81%), « les arabes sont plus voleurs que les autres » (84%), « les homosexuels sont plus obsédés par le sexe que les autres » (83%), « les femmes sont moins capables de diriger une entreprise que les hommes » (92%). Certains humoristes ou caricaturistes ont été vilipendés pour avoir croqué de telles dérives sociales d'exclusion, mais là aucun média ne s'est offusqué des idées reçues de ce sondage commandé par l'Union des étudiants juifs de France et SOS racisme. Pourtant, en synthèse on n'a que 29% des sondés qui n'adhérent à aucun de ses marqueurs de rejet social. Pour lutter contre le racisme, l'antisémitisme et les discriminations, peu de sondés font confiance aux élus locaux (7%), ou nationaux (même score).Par contre 40% jugent intéressant le travail des associations, et 20% celui des enseignants, 18% croyant à l'action des citoyens, terme assez vague s'il en est. Paradoxalement, sur les moyens d'apaisement, une majorité des sondés (entre 65 et 85% selon les réponses), estime qu'il faut « ouvrir les grandes écoles aux catégories de populations défavorisées », « favoriser les rencontres entre les populations d'un même quartier », « renforcer la formation des enseignants et les programmes de prévention en milieu scolaire », « favoriser les échanges entre lycéens », « renforcer les moyens de contrôle d'Internet », « développer le testing et l'utilisation des CV anonymes » (55% favorables).Il est à rappeler qu'un autre sondage, pour les mêmes commanditaires, a révélé que 55% des Français ne sont pas d'accord avec les statistiques ethniques, jugées non efficaces contre les discriminations.


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