Les Marocains viendront chercher le visa américain à Alger

La fermeture «provisoire» du consulat général des Etats-Unis à Casablancaet les nouvelles mesures qui ont accompagné cette décision, notamment cellesinhérentes à la délivrance des visas aux ressortissants marocains, commencent àsusciter des réactions hostiles à l'intérieur du royaume.Si les officiels marocains, tout comme les représentants de la classepolitique, tardent à réagir, les premières réactions de la presse assimilentdéjà la décision des Etats-Unis à un acte d'humiliation.Le quotidien marocain L'Economiste, proche des milieux d'affaires, n'apas hésité, dans son éditorial d'hier, à qualifier le communiqué de l'ambassadeUS du 3 mai dernier, qui demande aux Marocains d'adresser leurs demandes devisas auprès des ambassades des Etats-Unis des pays voisins, de «gifle». Ainsi,les Marocains devront se rendre notamment à Alger, pays voisin, pour déposerleurs demandes de visas et retirer ces derniers.L'éditorialiste s'en est pris à la fois au «mépris inégalé» desEtats-Unis à l'égard du royaume et à l'absence de réaction des autoritésmarocaines. «C'est la gifle la plus grave que le gouvernement marocain ait reçue.Et qui plus est, elle provient du gouvernement d'un pays supposé ami», écritL'Economiste. «Un tel communiqué ne peut que faire croire que le Maroc vit degraves problèmes de sécurité, au point que les Marocains devront se rendre dansles pays voisins pour demander un visa... Difficile d'imaginer humiliation plusgrande pour les Marocains. Nous aurions souhaité que le gouvernement réagisse,proteste ou au moins demande des explications, mais (...) il a encaissé lagifle et s'est tu», souligne-t-il.Rappelant que le Maroc «est un pays sûr et que cette mesure est de lavéritable désinformation», l'éditorialiste s'en prend directement à lapolitique extérieure des Etats-Unis. «Il faut rappeler à l'ambassade desEtats-Unis au Maroc que si terrorisme il y a dans le monde, c'est parce que lesAméricains mènent une politique sournoise et inique à l'égard du monde arabe etmusulman», conclut l'éditorial de L'Economiste.Au lendemain des explosions le 14 avril d'un kamikaze à proximité de sesbureaux, le consulat américain à Casablanca avait annoncé la fermeturetemporaire de ses services au public pour améliorer les mesures de sécurité. Leconsulat américain à Casablanca avait estimé qu'il y avait un risque élevé deviolence contre les intérêts et les citoyens américains et les autres ciblesoccidentales et avait demandé à ses ressortissants d'être vigilants. «Lescitoyens américains doivent se montrer discrets, suivre avec attention lesdéveloppements sécuritaires et rester vigilants concernant leur sécurité personnelle»,avait indiqué une mise en garde publiée sur le site de l'ambassade. «Lesétablissements qui peuvent être facilement identifiés aux Etats-Unis sont descibles potentielles d'attaques et ceci inclut les lieux où les Américains etles autres étrangers se rassemblent, dont les clubs, les restaurants, les lieuxde culte, les écoles, les hôtels, les cinémas et autres endroits publics»,affirme le communiqué. «Les cibles peuvent être également les établissementsdont les activités peuvent heurter les sensibilités religieuses comme lescasinos et les lieux où sont vendues ou consommées des boissons alcoolisées».Pour parer à toute éventualité, la police marocaine avait procédé aurenforcement de la sécurité autour des consulats occidentaux, notamment lesconsulats américain, belge, espagnol et italien à Casablanca.