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Les marchés pétroliers à rude épreuve



Les marchés pétroliers à rude épreuve
Les cours de pétrole ont terminé en hausse de plus de 0,5% mercredi 25 avril à New York, portés par la bonne tenue des places boursières, qui dictent souvent le ton pour l'évolution de l'or noir. Sur le Nymex, le contrat juin sur le brut léger américain (WTI) a fini sur un gain de 0,57 dollar, soit 0,55%, à 104,12 dollars le baril. Dans le même temps, le Brent avançait de 0,77%, soit 0,91 dollar, à 119,07 dollars. Les prix du Brent et du brut américain avaient pourtant passé une bonne partie de la séance dans le rouge, à la suite de la parution du rapport hebdomadaire de l'Administration américaine d'information sur l'énergie (EIA), qui montre que les stocks ont augmenté plus que prévu la semaine dernière. Le marché pétrolier avait également réagi négativement à la publication d'une information selon laquelle l'envoyé iranien à Moscou a dit que Téhéran pourrait envisager d'interrompre son programme nucléaire. Cette tendance haussière n'a pas changé, pendant le week-end. Face à cette situation, les pays consommateurs tentent de trouver une solution pour faire baisser les cours du brut. Quelle solution préconisent-ils ' Plusieurs Etats souhaitaient, il y a quelques semaines, puiser dans leurs réserves stratégiques de pétrole pour lutter contre l'envolée des prix à la pompe. Une option raisonnable ' Electoraliste, pour nombre de pays consommateurs, la France et les Etats-Unis, en tête, notent des experts. Certains chefs d'Etat sont d'autant plus empressés de trouver une solution depuis que l'Organisation de coopération et de développement économique (Ocde) a confirmé que le pétrole cher «menace la reprise» économique. Une menace brandie, chaque fois que les cours de l'or noir augmentent. Normal, l'Ocde est dans son rôle, elle défend les intérêts des pays qui la composent, dont certains sont très influents. En France, le carburant a dépassé, il y a quelques jours, le seuil symbolique des deux euros par litre, un seuil qui a fait débat, ravivant la polémique autour de la gestion de l'énergie, dans un pays en campagne électorale. Chacun des deux candidats à la présidentielle tire la couverture à lui, dans une tentative de séduire l'électorat. Le président-candidat français, Nicolas Sarkozy, a approuvé la proposition américaine, qui consistait à puiser dans les réserves stratégiques de pétrole pour tenter de faire baisser les prix. Trois pays, la France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, avaient ainsi demandé à l'Agence internationale de l'énergie (AIE) l'autorisation de puiser dans ces stocks afin d'inonder le marché de pétrole. Un relèvement de l'offre pétrolière qui devrait mécaniquement faire baisser les prix. A priori, c'est un
argument qui séduit. Mais, va-t-il convaincre tous les pays ' Pas tout à fait. L'Allemagne s'est opposée à cette idée, doutant de l'effet à long terme sur les prix, une position qui trouve explication dans le fait que la présidentielle en Allemagne paraît une échéance lointaine. D'évidence, les pays qui veulent puiser dans leurs réserves stratégiques le font pour des raisons politiques. Ce n'est pas un hasard si deux des plus ardents défenseurs de cette option, Barack Obama et Nicolas Sarkozy, font face à des échéances électorales. En campagne électorale, le président français n'a pas intérêt à ce que les prix à la pompe grimpent et qu'il reste passif face à pareille situation, sachant que son rival, dans cette compétition, le socialiste François Hollande, fait de la cherté de la vie et de l'érosion du pouvoir d'achat des Français son cheval de bataille. La campagne électorale dans ce pays est en train de se jouer sur des détails liés en grande partie aux effets produits par la crise financière internationale. Et l'augmentation des prix du pétrole en fait partie. Nicolas Sarkozy sait que puiser dans les réserves stratégiques a un effet immédiat sur le tarif du pétrole. Une arme que la France a utilisé lors de la crise libyenne en juin 2011. Pour pallier cette pénurie suite à la fermeture de la pompe à pétrole libyenne, Paris avait mis à disposition trois millions de barils, soit 2 % de l'ensemble de ses stocks stratégiques. Conséquence : le prix du brut avait, dans la foulée, chuté de 115 à 108 dollars le baril. L'autre avantage invoqué par le gouvernement français serait «de casser la spéculation sur les prix». Le pétrole supplémentaire mis sur le marché viendrait fausser les prévisions des spéculateurs qui, par conséquent, seraient moins tentés de parier sur une hausse des prix. Cependant, le recours aux réserves stratégiques n'a pas que des avantages : à un moment donné, les Etats seront obligés de reconstituer leurs stocks et donc d'arrêter d'inonder artificiellement le marché, estime James Burkhard, directeur de l'IHS, l'un des principaux centres américains de recherche sur l'énergie, cité par des médias européens. Ce spécialiste craint qu'après une baisse, qui serait selon lui «relative», on n'enregistre une très forte hausse à la fin de l'utilisation des réserves. Les réserves stratégiques ont été pensées pour faire face à une pénurie physique de pétrole et non pas comme une arme pour lutter contre une hausse des prix qui s'explique par un contexte géopolitique précis. Le contexte n'aura pas disparu d'ici à la fin de l'utilisation des ressources stratégiques et les prix devraient alors bondir pour revenir, voire dépasser ceux qui font actuellement peur aux dirigeants politiques. C'est un raisonnement logique qui n'obéit pas à des man'uvres électoralistes. Pour éviter ce retour de flamme, le «seul moyen est que les gouvernements s'engagent à recourir aux réserves stratégiques sur le long terme», assure Michael Levi, spécialiste des politiques énergétiques pour le centre d'analyse américain Council on foreign relation (Centre des relations internationales), cité par des agences de presses. Un engagement difficile à prendre, notamment en France où les réserves correspondent à 98,5 jours de consommation' soit seulement un peu plus que les obligations internationales (90 jours). Cette tendance haussière des prix de l'or noir devrait toutefois s'atténuer, une fois le pétrole libyen revienu sur les marchés, un retour rapide des exportations pétrolières libyennes pourrait stabiliser les cours, relativisent des experts. Les nouvelles autorités libyennes s'efforcent de remettre de l'ordre dans le secteur pétrolier et de doper les exportations. Normal, elles ont besoin d'argent pour la reconstruction du pays. La production de pétrole en Libye a atteint 1,45 million de barils par jour. Et elle pourrait atteindre un niveau supérieur à celui d'avant la révolution d'ici à la fin de l'année. Il s'agit de la production la plus importante depuis la révolution. La Compagnie nationale de pétrole (NOC) avait annoncé en janvier que la production de brut de la Libye avait atteint 1,3 mbj. La production libyenne, qui était de 1,6 mbj avant le conflit ayant débuté en février 2011, avait été quasiment interrompue jusqu'en septembre, après la chute de Mouammar Kadhafi et l'arrivée du Conseil national de transition au pouvoir. En novembre dernier, la Libye avait repassé le cap des 600 000 barils par jour, et le patron de la NOC, Nouri Berouin, avait indiqué à l'époque qu'il espérait un retour à la normale fin 2012. Mais en décembre, le secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) avait affirmé que la production de pétrole libyen retournerait à ses niveaux d'avant-guerre mi-2012, soit près de six mois plus tôt que les prévisions de Tripoli. Elle s'en approche aujourd'hui, selon des experts.
Y. S.




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