Triste que cela se soit passé dans le pays de Mouloud Mammeri et de Mohamed Laïd Al-Khalifa : Chafika, une enseignante d'origine kabyle, dans son pays l'Algérie, est menacée d'être chassée de Biskra, ville autrefois chantée et célébrée par l'écrivain André Gide, lauréat du prix Nobel en 1947, dans ses romans et dans ses carnets de voyage.Cette enseignante du collège s'est vue présentée devant le conseil de discipline, son salaire ponctionné, menacée d'expulsion vers la Kabylie, parce qu'elle a refusé de porter le voile. Une expulsion ! Stop aux semeurs de la haine raciale. Stop au régionalisme à la sauce islamiste !
Triste que cela se soit produit dans le pays de Djamila Bouhired, d'Assia Djebar, de Tahar Oussedik, de cheikh Mohamed Salah Seddik : une enseignante islamiste, ramassée dans un tablier de moucharde, arrive à monter un père contre sa fille, élève adolescente, parce que cette dernière a osé parler à un élève, collègue de sa classe ! Lilia de son vrai nom, par peur d'une réaction violente de la part de son père, la peur au ventre, l'élève n'a trouvé d'issue que de se suicider en se jetant du balcon de leur domicile familial.L'école est le nid préféré de daech !
Une autre enseignante crève l'?il d'un élève ! L'école est faite pour le savoir, un lieu pour l'ouverture des esprits, l'enseignant n'est pas un prédicateur ! L'instit n'est pas un imam. L'université n'est pas une mosquée. Chaque institution a son rôle, ses prérogatives, ses responsabilités et ses buts. Ne mélangez pas les rôles des institutions ni ceux des hommes et des femmes.
À la faculté des droits et sciences politiques, à ladite université Tahar-Moulay de Saïda, le chef de département de droit, un douktour chevronné en médiocrité, en gardien de chasse de la morale collective, décrète une fatwa interdisant la fête de l'amour appelée la Saint-Valentin, dont voici le texte-fatwa : "Le département de droit informe ses étudiants qu'il est strictement interdit de fêter le jour du 14 février, appelé Aïd El-Hob (fête de la Saint-Valentin).
Tout étudiant surpris, à l'intérieur de l'université, avec un cadeau à la main sera présenté devant le conseil de discipline."Cela s'appelle l'inquisition sentimentale ! Anarchiquement, illégalement, en guise de panneaux de signalisation du code de la route, des plaques sont plantées aux bords des routes nationales sur lesquelles sont inscrits des hadiths ou des versets coraniques ou des psalmodies !
Des plaques qui sèment l'embrouillement chez les conducteurs ! Et les accidents de route font ravage chez nous ! Dans quelle jungle de chaos sommes-nous ' Nous avons besoin d'un Etat fort par sa justice, par son école civile et républicaine, par le respect de la liberté individuelle, par le respect de la femme, par le respect de la diversité.
Il faut le dire, et clairement le dénoncer, l'école algérienne actuelle comme l'université représentent un nid de conservatisme favorable aux accouplements des idées de daech. Nous avons besoin, et en urgence, d'abolir ces programmes scolaires qui alimentent la haine sexuelle, religieuse et régionale. Elaborer un nouveau programme qui protège le savoir loin de l'idéologie, qui libère l'école de tout poids idéologique ou religieux.
Mais nous avons besoin, surtout, d'écrire l'histoire de l'instituteur et de l'institutrice dans l'école algérienne depuis l'indépendance. Revisiter sa place sociologique d'antan, retracer son comportement, illustrer son image sociétale, présenter son art vestimentaire (costume, cravate, jupe, chaussure, coiffure, simplicité, élégance).
Relations des femmes et des hommes à l'école, des filles et des garçons. Nous avons besoin d'un livre en forme de guide illustré distribué dans toutes les écoles, les collèges et les lycées, afin que les nouveaux et les nouvelles pédagogues (enseignants, enseignantes et responsables pédagogiques) disposent d'une idée illustrée sur les anciens de leur profession.
Sans l'écriture de l'histoire de l'école algérienne, de l'instit algérien, ne nous pourrons jamais mettre en valeur et en pratique la philosophie du "vivre ensemble", la diversité, la pluralité, le respect de la femme, la défense de la liberté individuelle et collective. En l'absence d'une école ouverte, d'une université universelle, l'Algérie ne pourra jamais relever la tête. Le pays ne sortira jamais du sous-développement économique, intellectuel et sociologique.
A. Z.
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Posté Le : 13/02/2020
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Amin ZAOUI
Source : www.liberte-algerie.com