Algérie

Les manifestations du 17 octobre 1961 ont eu lieu à Paris en dépit de l'absence des responsables du FLN (Ali Haroun) Histoire



Les manifestations du 17 octobre 1961 se sont déroulées alors que les cinq membres de la direction de la Fédération de France du FLN étaient tous en Allemagne, a affirmé Me Ali Haroun dans un entretien à l'APS."L'Allemagne était devenue la base arrière de la Fédération parce que la France avait réussi à arrêter les responsables de la première, deuxième et troisième fédérations", a-t-il déclaré.
De 1958 à 1961, les cinq membres de la Fédération de France du FLN étaient Omar Boudaoud (responsable de la Fédération), Kaddour Adlani (responsable de l'organisation), Abdelkrim Souissi (trésorier), Said Bouaziz (responsable de l'organisation sécuritaire) et Ali Haroun (chargé de l'information, des prisons et des camps d'internement).
"Abane Ramdane, en désignant Omar Boudaoud à la tête de la Fédération, l'avait instruit de ne plus se laisser arrêter, lui et les autres responsables et d'ailleurs ils ne se sont jamais réunis tous ensemble à Paris", a précisé Me Haroun.
La cause des manifestations du 17 octobre 1961 revient à Maurice "Papon qui avait compris que les militants de la Fédération se réunissaient après 18h 00 et c'est là qu'il avait pris la décision d'instaurer un couvre-feu de 19 h 00 à 5 h 00 du matin sachant que ces militants devaient nécessairement partir travailler dans les usines", a-t-il rappelé.
Devant cette situation, "des rapports de nos militants de la base nous indiquaient que Papon les avait étouffés avec cette mesure de couvre-feu et nous leur avions demandé alors de trouver une solution qui fut l'idée d'organiser des manifestations", a indiqué Me Haroun.
Il a expliqué que "Papon avait donné l'autorisation aux policiers non seulement d'arrêter, mais de tuer n'importe qui lorsqu'ils appréhendaient un groupe constitué de plus de trois Algériens".
Face à cet état de fait, décision a été prise d'organiser "une manifestation pacifique où il y aurait 50.000 Algériens avec la consigne d'éviter les ruelles et d'emprunter les grands boulevards parce que s'y trouvaient des étrangers et des journalistes, mais surtout avec l'interdiction de tout port d'arme et même pas un bâton", a relevé Me Haroun.
Il a signalé que la France, ayant pris connaissance de cela, avait placé des policiers et des gendarmes au niveau des stations métro où ils ont pu empêcher 20.000 Algériens de se rendre à Paris.
En dépit de cela, les manifestations se sont déroulées durant trois jours et Papon donnait aux services de sécurité les mêmes instructions " Faites ce que vous voulez, j'en suis responsable", a souligné Ali Haroun.
"Usant de talkie-walkie, des policiers ont répercuté des informations faisant état de la mort de 3 ou 4 policiers" a-t-il mentionné tout en ajoutant qu'à partir de "cette fausse information, la police a décidé de se venger en assommant et jetant des Algériens dans la Seine avec 200 corps en une seule nuit".
Au premier jour des manifestations, a-t-il indiqué, "il y a eu 11.560 arrêtés et le deuxième jour 511 femmes arrêtées alors que Papon évoquait seulement deux morts entre Nord-africains, c'est à dire entre Messalistes et des membres du FLN".
Pourtant, parmi les personnes arrêtées "il n'y avait pas seulement des Algériens, mais un journaliste du Washington Post et surtout Gabriel Garcia Marquez, prix Nobel de littérature, que les policiers avaient pris pour un Algérien", a-t-il précisé. L'impact médiatique survenu à la suite de ces manifestations "a donné un écho international auquel nous nous attendions pas", a reconnu Me Haroun.
D'où le déclenchement d'une enquête qui avait conduit "la police à reconnaître qu'il y a eu 80 Algériens tués" dans les manifestations du 17 octobre 1961", a-t-il encore précisé.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)