Algérie

Les malades comptent investir la rue Des centaines de cancéreux en attente d'un rendez-vous de radiothérapie



Les malades comptent investir la rue Des centaines de cancéreux en attente d'un rendez-vous de radiothérapie
Les malades cancéreux suivis au Centre Pierre et Marie Curie d'Alger menacent d'investir la rue pour exiger des soins appropriés à leur pathologie.
Face à la sourde oreille des pouvoirs publics, les associations d'aide à ces malades, réunies au sein d'un réseau national, comptent lancer une action d'envergure et appeler aux dons aux niveaux national et international. Un téléthon est l'une des options retenues pour le moment, ce qui permettra le transfert à l'étranger des malades nécessitant en urgence des soins de radiothérapie.
L'accès à la radiothérapie se réduit de plus en plus malgré les discours prometteurs des pouvoirs publics annonçant l'ouverture prochaine de centres anticancer. Un problème qui ne semble pas résolu puisque «le statut juridique de ces centres n'est pas encore défini», selon une source proche de ce dossier. Ce qui a retardé essentiellement leur mise en place, leur équipement et leur fonctionnement. Une situation qui n'arrange pas du tout les malades dont le nombre de cas nécessitant une prise en charge adéquate (chimiothérapie et radiothérapie) est en nette augmentation d'année en année. Une courbe qui ne cesse de croître face à de services médicaux réduits, notamment en matière de radiothérapie.
Depuis maintenant plus quatre ans, les sept services qui assurent les soins de radiothérapie voient leurs capacités s'amenuiser de manière considérable. Des centres sont aujourd'hui à l'arrêt comme celui de Constantine, en attente d'installation de nouveaux appareils qui ont mis huit mois pour être acheminés depuis le port de Skikda. Un sérieux problème pour les malades de toute la région est du pays, qui se rabattent sur d'autres services quand ils ont, bien sûr, la chance de «connaître quelqu'un». Les plus riches n'hésitent pas à se rendre dans les pays voisins (Maroc, Tunisie) ou en Turquie.
Les services de radiothérapie d'Oran, Blida et du CPMC, qui sont plus ou moins fonctionnels, sont saturés et les responsables avouent ne plus répondre à la demande. Le rendez-vous, pour un nouveau malade, est fixé au mois de juin 2014 au CPMC. Au bureau des programmations, on ne sait plus où donner de la tête. Une malade âgée de 38 ans, opérée d'un cancer du sein, rencontrée sur place, était désemparée ; elle a subi une ablation du sein (mastectomie) à la mi-décembre 2012. A sa sortie de l'hôpital, son chirurgien lui a remis le compte rendu opératoire et une lettre d'orientation pour prendre rendez-vous dans un service d'oncologie avant la fin du mois suivant son intervention, c'est-à-dire fin janvier. «Ce n'est pas toujours évident d'obtenir un rendez-vous dans les semaines qui suivent si l'on n'a pas un proche ou un ami qui intervient auprès de ces services. Le plus dur est à venir, après avoir fait 6 à 8 cures de chimiothérapie, à savoir l'accès à la radiothérapie. Je n'ai pas encore de rendez-vous et je ne sais pas comment faire. Il ne reste qu'à sortir dans la rue et interpeller les décideurs de ce pays», nous a-t-elle confié.
Un autre malade, en attente d'un rendez-vous de radiothérapie, ne sait plus à quel saint se vouer : «Je me suis rendu dans tous les services fonctionnels de la capitale (CPMC et hôpital de Aïn Naâdja) et de Blida, en vain. Aucun d'entre eux ne veut prendre ma lettre. Même le centre privé de Blida affiche complet. Il ne nous reste que la rue pour crier notre détresse. Même les associations qui ont l'habitude de nous aider et de résoudre tant bien que mal nos problèmes sont aujourd'hui dans l'incapacité de faire quoi que ce soit.» Interrogée à ce propos, la présidente de l'association El Amel, Mme Hamida Kettab, avoue son impuissance à placer les malades dans les délais adéquats pour leur prise en charge, notamment en radiothérapie.
La situation se complique
«Actuellement, les choses sont de plus en plus compliquées. Vu le nombre de malades qui nécessitent ce type de soins, il nous est très difficile d'intervenir auprès des équipes médicales pour un rendez vous. Les services sont surchargés et il est impossible de mettre un malade à la place d'un autre. Il est arrivé d'attendre que des malades décèdent pour placer d'autres. Une réalité amère mais que l'on ne veut pas voir. Toutes les propositions, pour le règlement temporaire du problème, des professionnels de la santé auxquels nous nous sommes joints ont été refusées et rejetées par les ministères de la Santé et de la Sécurité sociale, notamment l'idée des transferts pour soins à l'étranger en attendant l'ouverture des services et la mise en place des nouveaux appareils de radiothérapie. La dernière déclaration du représentant du ministère de la Santé qui a jugé notre proposition de pas sérieuse confirme l'intransigeance des pouvoirs publics.
Cela nous pousse à lancer à appel à l'aide aux âmes charitables afin de répondre aux besoins des malades en Algérie ou à l'étranger. Toutes les associations d'aide aux malades cancéreux sont déterminées à mener cette action», dit-elle. Par ailleurs, l'on apprend que le professeur Zitouni, nommé par le président de la République pour mettre en application le «plan cancer» dans lequel se trouvent les solutions pour tous ces problèmes, est actuellement en train de faire «un état des lieux le plus honnête et le plus exhaustif», ce qui lui permettra d'«apporter des solutions adéquates pour solutionner progressivement cette grave problématique». Du côté de la commission nationale des transferts pour soins à l'étranger, la prise en charge du cancer doit être prise dans sa globalité. Un point de vue qui appelle à une profonde refonte du système de santé algérien.


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