Algérie

Les malades chroniques en appellent à Bouteflika



Les associations des malades chroniques en général et ceux des cancéreux en particulier soutiennent et confortent les propos et les récentes déclarations du professeur Kamel Bouzid, chef de service d'oncologie médicale du centre Pierre et Marie Curie d'Alger, sur la mauvaise prise en charge des cancéreux. Les membres de ces associations sont unanimes, affirmant qu'ils sont tous scandalisés par les difficultés que rencontrent les malades cancéreux, notamment pour accéder à la radiothérapie et à la chimiothérapie. Pour eux, il n'y a aucun doute, les cancéreux en Algérie vivent une situation ingérable. Les malades n'arrivent à entamer leur traitement que des mois après le diagnostic du cancer. « Nous avons des malades qui ont des rendez-vous programmés pour le mois de juin 2012, ce qui est inconcevable », nous dira Mme Kettab, secrétaire général de l'association El Amel. « La majorité décède avant même le traitement », dira notre interlocutrice qui précise que sur les 28 000 malades qui nécessitent et qui attendent un éventuel traitement de radiothérapie, seuls 8000 accèdent au traitement « sans parler autant des ruptures fréquentes des médicaments ».

Pour sa part, la présidente de l'association Nour Doha, Mme Gacemi, s'est dite outrée par cette situation. Elle a cité le cas d'une jeune fille de 20 ans, arrivant de la wilaya de Tizi Ouzou et qui s'est présentée au bureau de l'association dans l'espoir d'avoir un rendez-vous pour un traitement de radiothérapie.

La présidente de l'association Nour Doha tire la sonnette d'alarme au même tire que ses confrères et le professeur Kamel Bouzid. Elle affirme que « l'urgence est là » et de poursuivre « on ne peut pas attendre jusqu'à 2014 pour la construction des centres spécialisés et laisser les Algériens mourir par milliers ». Mme Gacemi interpelle le président de la République en personne pour trouver des solutions dans l'immédiat.

Pour les associations que nous avons contactées, les solutions existent pourvu que l'Etat ne se désengage pas et ne minimise pas le problème. La présidente de Nour Doha a proposé de réactualiser la convention signée entre les hôpitaux publics et l'hôpital militaire pour la prise en charge des cancéreux, comme c'était le cas avant les années 90. Et de s'interroger pourquoi ne pas traiter des malades civils à l'hôpital militaire en attendant 2014 date à laquelle les nouveaux centres seront opérationnels « puisqu'on est vraiment dans une situation d'urgence ». Elle a également proposé la signature de conventions entre le ministère du Travail et de la Sécurité sociale, et les établissements privés pour la prise en charge des malades cancéreux. La secrétaire générale de l'association Al Amel a évoqué la nécessité d'une prise en charge des malades cancéreux à l'étranger. « On ne demande pas que ce soit forcément dans des pays européens, mais on peut envoyer par exemple nos malades pour des soins dans des hôpitaux tunisiens ou turcs, ils proposent leurs services avec des prix réduits par rapport aux pays européens », a-t-elle suggéré.

 Pour sa part, Abdelhamid Boualegue, président du réseau des associations des malades chroniques, a dénoncé le fait que le malade décède des suites de sa maladie, avant de commencer le traitement. Il a salué le courage et la conscience du professeur Kamel Bouzid qui a dénoncé cette situation lamentable qui perdure depuis déjà 10 ans.

Le président du réseau a souligné que dans le cas où le professeur Bouzid subisse des pressions pour avoir dit la vérité à haute voix, des actions seront engagées pour le défendre lui et toute personne soucieuse de l'état des malades. Le président du réseau d'associations menace de recourir à des actions si la situation perdure que ce soit pour les retards dans le traitement ou les ruptures de médicaments. « Je demanderais aux associations de remettre tous les agréments au ministère de l'Intérieur en guise de protestation », dira-t-il.

Enfin, les membres des associations ne veulent plus s'adresser au ministre de la Santé sur cette question, ils interpellent le premier magistrat du pays, le président de la République pour une intervention urgente et rapide. Ils réclament tous l'égalité des soins pour tous Algériens, toutes classes confondues, tous âges et pour tous les types de cancer sans exception, conformément à l'article 54 de la Constitution « tout citoyen algérien a le droit aux soins ».




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